La piraterie en haute mer, centrée ces derniers temps dans l'ouest de l'océan Indien, a fait un grand bond: après un superpétrolier saoudien détourné lundi au large du Kenya, des pirates ont pris hier le contrôle d'un cargo iranien dans le golfe d'Aden, au large du Yémen.

La semaine dernière, un cargo japonais et un chalutier chinois ont été pris en otages, le premier dans le golfe d'Aden, le second au large du Kenya.

 

Des pirates libéraient entre-temps un cargo japonais capturé le 15 septembre au large de la Somalie avec 22 hommes à bord. Ils avaient réclamé une rançon de 6 millions US, ramenée à 2,5 millions US.

Ils retiennent depuis le 25 septembre un cargo ukrainien, le Faina, chargé de chars et d'armements, et encerclé par la marine américaine.

Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, a mis hier cette flambée de piraterie au compte de l'effondrement de l'État en Somalie. Il a ajoute qu'elle menaçait le «gouvernement provisoire» somalien, ainsi que le commerce et la navigation.

Un détournement sans précédent

Le détournement du Sirius Star, un superpétrolier saoudien battant pavillon du Liberia et rempli de 200 000 tonnes de brut (d'une valeur de 100 millions US), frappe l'imagination et fait les manchettes partout.

«C'est le plus grand navire à avoir jamais été détourné», a noté un porte-parole de la US Navy. L'attaque a eu lieu «beaucoup plus loin en mer» que d'habitude, a-t-il dit, ce qui marque un «énorme changement» dans la capacité des pirates.

L'amiral Michael Mullen, chef d'état-major interarmées américain, s'est dit lundi «surpris» par le rayon d'action des pirates du superpétrolier saoudien, «plus que par la taille» du bateau elle-même.

La prise du superpétrolier, qui mesure 330 mètres (égal à trois porte-avions), a eu lieu dans le nord-ouest de l'océan Indien, une zone que patrouille depuis un mois une flottille de l'OTAN.

C'est l'un des couloirs maritimes les plus fréquentés du monde, et plus de 20 000 navires marchands y transitent chaque année.

La piraterie pousse les armateurs à faire des détours, chaque jour de navigation additionnel leur coûtant de 20 000 à 30 000$. La firme norvégienne Odfjell SE a ainsi ordonné à ses 90 pétroliers de contourner l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance et d'éviter le canal de Suez.

L'OTAN veut élargir sa mission

«L'OTAN va examiner l'éventualité de jouer un rôle à plus long terme» dans la région, a dit hier son porte-parole, James Appathurai. La mission actuelle de quatre navires «prend fin à la mi-décembre».

La Ve flotte américaine patrouille également la région, où la mer Rouge et le golfe Persique rencontrent l'océan Indien. Le Commandement central (CENTCOM) américain est à proximité, sur l'atoll de Diego Garcia, dans l'archipel des Chagos.

La piraterie au large de la Somalie atteint un niveau record: 92 navires y ont été arraisonnés, le double de 2007, selon le Bureau maritime international, à Kuala Lumpur, en Malaisie. Appathurai a estimé à 100 millions US le total de rançons versées jusqu'ici par des armateurs aux pirates.

Le Sirius Star, avec 25 hommes, a jeté l'ancre au large de Harardhere, sur la côte somalienne, observé depuis le rivage par les populations des villages de pêcheurs, qui disent n'avoir jamais rien vu de cette taille.

Les propriétaires du superpétrolier tentent de faire libérer le navire, alors que les flottes militaires dans la région ont dit qu'elles n'interviendraient pas.

Pour le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saud al-Faisal, la piraterie est «un mal qui frappe tout le monde, comme le terrorisme, et contre lequel tout le monde doit se battre».

Avec Afp, Ap, Reuters, Bbc, Cnn, Al Jazira

 

LA SOMALIE

Nouvelle mer promise des pirates

Le nombre d'actes de piraterie au large de la Somalie a explosé en 2008. Le Bureau maritime international rapporte au moins 92 attaques, la plupart ayant eu lieu dans le golfe d'Aden. En ce moment, 14 navires sont toujours aux mains des pirates de la région. Samedi dernier, au large du Kenya, des pirates se sont emparés du plus gros navire jamais détourné. Le pétrolier géant Sirius Star, appartenant à une société saoudienne, transporte 2 millions de barils de pétrole.

Nigeria : au deuxième rang des zones les plus dangereuses. 24 attaques répertoriées entre juillet et septembre