Des combats ont éclaté hier au nord de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), après que le chef rebelle Laurent Nkunda eut menacé de combattre les Casques bleus de l'ONU et de marcher sur Kinshasa pour renverser le régime du président Joseph Kabila.

Le général congolais d'origine tutsie en rébellion depuis 1998 a lancé ses menaces à la BBC télé et radio dans son fief des montagnes du Nord-Kivu adossées au Rwanda, dont le régime le soutient.

 

«Je ne suis pas rwandais, je suis congolais, et je veux libérer le Congo», affirme-t-il. Il met les accusations de crimes de guerre contre lui et la fuite de millions de civils du Nord-Kivu au compte de «la propagande des médias».

Crimes de guerre

L'ONU et des groupes comme Human Rights Watch accusent les deux camps d'avoir massacré des civils et pillé des villages ces derniers jours à la périphérie nord de Goma, capitale de la province congolaise.

HRW réclame le renforcement urgent de la Mission de l'ONU au Congo (MONUC), dont les 17 500 combattants n'ont pas réussi, en neuf ans, à réduire le Conseil national pour la défense du peuple (CNDP) de Nkunda.

Les Congolais blâment les puissances occidentales, proches du Rwanda, de «protéger» Nkunda. Les pays d'Afrique australe se préparent à envoyer des troupes dans l'est du Congo, où des soldats angolais seraient déjà à l'oeuvre.

Tom Porteous, directeur londonien de HRW, a accusé hier la Grande-Bretagne de «lâcheté», affirmant que «si Londres ne peut pas agir avec audace au Congo, il ne doit pas entraver les autres pays européens» qui veulent agir.

Il dénonce Nkunda comme «un seigneur de guerre, soutenu par le Rwanda, qui veut imposer ses demandes politiques par la force».

Avoirs gelés

Le Groupe parlementaire multipartite de Grande-Bretagne sur les Grands Lacs (APPG), qui compte plus de 200 membres, a déjà condamné l'offensive de Nkunda et qualifié de «pire qu'au Darfour ou en Afghanistan l'impact de la guerre sur la population civile», dont 500 000 personnes meurent chaque année de la guerre qui y fait rage depuis 1994 - depuis que les Tutsis ont reconquis le Rwanda et les Hutus ont fui au Congo par millions.

Les avoirs de Nkunda aux États-Unis sont gelés depuis 2006. L'Executive Order 13 413 signé par George W. Bush l'accuse d' «enlèvements, de déplacements de populations et de violences sexuelles ciblant notamment des enfants».

Mais Bush n'a pas mis le CNDP de Nkunda sur la liste des groupes terroristes, ce qu'il songe à faire désormais, selon le webzine congoplanet.com. Washington a condamné le mois dernier les menaces de Nkunda contre le régime Kabila, et averti qu'il ne devrait «pas entrer dans la ville de Goma».