«Des crimes de guerre que nous ne pouvons pas tolérer» ont été commis à Kiwanja par les soldats rebelles de Laurent Nkunda et les milices Mai Mai soutenant le gouvernement, a affirmé l'envoyé des Nations Unies, Alan Doss.

Les enquêteurs de l'ONU ont visité vendredi onze tombes contenant d'après les villageois les corps de 26 personnes, a précisé la porte-parole des Nations Unies Sylvie van den Woldenberg. L'organisation humanitaire Human Rights Watch (HRW) estime que le bilan pourrait être plus élevé. «On nous rapporte le chiffre de 50 morts, mais nous sommes encore en train de vérifier cette information», a indiqué à Associated Press Anneke Van Woudenberg, chercheuse à HRW.Selon la porte-parole de l'ONU et le colonel Jean-Paul Dietrich de la force de maintien de la paix sur place, les rebelles ont commis beaucoup plus d'exactions que les milices.

L'organisation dispose d'une base de Casques bleus à Kiwanja, à 80 km au nord de Goma, mais ses soldats ne sont que 120 pour une ville de 30.000 à 50.000 habitants.

Ils ont été cloués sur place par les tirs le premier jour des massacres, mardi, et retenu par les miliciens dissimulés parmi la population, a expliqué le colonel Dietrich, porte-parole militaire, à l'Associated Press. Les Casques bleus cherchaient aussi à endiguer les attaques rebelles sur deux autres villes, Nyanzale et Kikuku mercredi quand les tueries se sont poursuivies, mercredi, selon lui.

Les responsables de l'ONU expliquent que les habitants ont subi deux vagues de terreur, avec l'arrivée des milices Mai Mai alliées du gouvernement congolais, qui ont tué des personnes soupçonnées d'aider les rebelles. Puis les rebelles ont repris le contrôle et ont exécuté ceux qu'ils jugeaient soutiens de la milice. Ils ont également pillé un hôtel et brûlé des maisons, d'après des témoins.

Les exécutions d'une balle dans la tête ont eu lieu après que les rebelles aient habillé leurs victimes dans des treillis militaires, ont rapporté des survivants. «Ce n'est pas juste» a estimé le juge local Jean Katembo. Les rebelles «tuent les gens sans respect de la loi».

Le dirigeant des rebelles Laurent Nkunda est accusé de crimes contre l'humanité et le gouvernement congolais a lancé un mandat d'arrêt international contre lui après sa défection de l'armée régulière en 2004. Il avait déjà participé à des massacres de civils en 2002, dans la ville de Bukavu.