Le Congo sollicite l'aide militaire de l'Angola pour écraser la rébellion tutsie pro-rwandaise dans l'est du pays, a annoncé la Mission de l'ONU (MONUC), qui a accusé les forces rwandaises de soutenir les rebelles avec des tirs d'artillerie à travers la frontière.

Les rebelles du CNDP (Conseil national pour la défense du peuple) du général tutsi congolais Laurent Nkunda ont accusé l'Angola et le Zimbabwe de s'apprêter à intervenir contre eux, comme durant la guerre de 1998-2002.

 

Pour la presse de Kinshasa, la MONUC, en accusant le Rwanda de jouer un rôle direct dans la rébellion, n'a fait que confirmer ce que habitants et responsables des deux Kivu (Nord et Sud) savent depuis longtemps.

Acculée à l'échec

Acculée à l'échec et menacée d'être débordée, l'ONU a choisi de confirmer les accusations de Kinshasa contre «l'agression rwandaise». Elle a aussi annoncé que les 17 000 soldats de la MONUC «ont besoin de renforts» face à la crise.

«Notre priorité est de protéger la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu, contre toute agression», a déclaré Alain Le Roy, responsable du maintien de la paix à l'ONU. «Nous avons demandé des renforts», a-t-il dit.

Des combats ont éclaté hier à Rutshuru entre les rebelles et des miliciens pro-gouvernementaux, provoquant la suspension des opérations de secours à des centaines de milliers de civils déplacés.

Ces accrochages ont coïncidé avec l'arrivée à Goma, pour une tournée de trois jours, du nouveau premier ministre congolais, Adolphe Muzito. Il se rendra aussi dans le Sud-Kivu et la Province orientale.

Kigali s'agite

Accusé par l'ONU, le Rwanda a critiqué la diplomatie déployée, jugeant, dans un communiqué rédigé en anglais, qu'elle «est basée sur l'idée fausse qu'il s'agit d'un problème entre le Rwanda et le Congo».

«Les problèmes dans l'est de la RDC sont pour l'essentiel congolais et en tant que tels doivent être résolus par les dirigeants de la RDC», martèle le texte.

La secrétaire d'État adjointe américaine Jendayi Frazer avait affirmé vendredi: «Nous n'avons pas de preuves que le Rwanda se bat directement dans l'est du Congo, mais nous pensons que le territoire rwandais est utilisé pour fournir un soutien au CNDP» de Laurent Nkunda.

L'instabilité récurrente dans cette région découle du débordement en territoire congolais du conflit entre Hutus et Tutsis rwandais. Elle est aussi liée au pillage des ressources minières, forestières et agricoles du Congo à la faveur des guerres et rébellions.

À Genève, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a évalué à 2,5 millions le nombre de personnes menacées par des épidémies de choléra et de rougeole dans le Nord-Kivu et demandé davantage de moyens pour leur venir en aide.

Avec Afp, Ap, Reuters, Bbc, Angop, Radio-okapi

 

Qui est Laurent Nkunda?

La Cour pénale internationale (CPI) suit «de très près» la situation dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), champ clos de nouveaux combats entre rebelles pro-rwandais et l'armée congolaise. La CPI a émis en août 2006 un mandat d'arrêt contre Bosco Ntaganda, chef d'état-major du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) de Laurent Nkunda. Un mandat d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité a été émis contre Nkunda aussi.

Né en 1967, cet ancien soldat du Front patriotique rwandais (FPR) a rejoint Laurent-Désiré Kabila en 1996. En 1998, il s'est enrôlé dans la rébellion de RCD-Goma. Intégré à l'armée congolaise en 2004 avec rang de général, il se rebelle au nom du CNDP et de la «protection des Tutsis». «Tant qu'il sera en liberté, les civils du Congo seront en grave danger», écrivait Human Rights Watch en 2006.