Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) refuse de négocier directement avec la rébellion de Laurent Nkunda, qui a menacé de le renverser faute de pourparlers avec Kinshasa, a annoncé lundi à l'AFP le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende.

«Il n'y a pas de petits et de grands groupes armés. Le fait de créer un désastre humanitaire ne donne pas de droits spéciaux» par rapport aux autres groupes armés qui opèrent dans la province du Nord-Kivu (est), a déclaré M. Mende à Kinshasa.

«Le gouvernement ne voit aucune raison de discriminer d'autres groupes de Congolais qui ont des propositions à faire» sur la crise, a-t-il ajouté.

Laurent Nkunda a menacé de «chasser du pouvoir» le gouvernement de Kinshasa s'il n'ouvre pas une «négociation directe» avec la rébellion. Ces propos sont «indignes et irresponsables», a réagi M. Mende.

Les rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) du général déchu tutsi congolais Laurent Nkunda ont infligé une cuisante défaite à l'armée congolaise, en arrivant mercredi soir aux portes de Goma, la capitale du Nord-Kivu, avant de proclamer un cessez-le-feu unilatéral globalement respecté jusqu'ici.

Le CNDP avait signé en janvier, avec d'autres groupes congolais du Kivu, un accord prévoyant notamment un cessez-le-feu. C'est seulement dans le cadre de ce processus baptisé Amani (paix en langue swahili), aujourd'hui au point mort, que le gouvernement est prêt à discuter, a expliqué M. Mende.

«Les solutions sont globales dans le cadre du programme Amani parce qu'elles concernent l'avenir de tous les Congolais», a-t-il ajouté.

M. Nkunda, qui appartient à la communauté tutsie, s'est montré évasif sur ses revendications. Il a assuré pêle-mêle vouloir le «rétablissement de la sécurité» avec la «traque» des rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), «la mise en place d'une armée nationale républicaine», une plus grande transparence dans des contrats miniers et la mise en place d'une forme de fédéralisme à l'échelle nationale.

Il a réaffirmé se battre notamment pour protéger la communauté congolaise tutsie contre les FDLR, dont certains éléments ont participé au génocide de 1994 au Rwanda, qui a fait environ 800.000 morts selon l'ONU, essentiellement parmi la minorité tutsie.

Les FDLR, qui opèrent dans l'est de la RDC, frontalier du Rwanda, n'ont pas signé l'accord de janvier qui ne concerne que les groupes congolais.

M. Nkunda s'était emparé brièvement en juin 2004 de la ville de Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu, frontalière de celle du Nord-Kivu.