Le chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda a estimé vendredi que la Belgique était mieux placée que la France pour proposer des solutions pour sortir de la crise actuelle dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

«Ce n'est pas au (ministre français des Affaires étrangères Bernard) Kouchner de proposer des solutions. C'est à la Belgique. Elle connaît bien les problèmes de la région», a-t-il déclaré dans un entretien audio diffusé dans le journal du soir de la chaîne de télévision privée belge RTL-TVI.La Belgique est l'ancienne puissance coloniale de la RDC, tandis que la France est accusée par le Rwanda d'être impliquée dans le génocide de 1994, essentiellement dirigé contre les Tutsis.

D'autre part, le chef rebelle, interrogé sur les rumeurs qui avaient couru jeudi sur sa mort, s'est esclaffé en répondant: «Oui, oui, je suis bien vivant».

Il a par ailleurs affirmé qu'il attendait toujours une réponse de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc) à une lettre qu'il lui a adressé mercredi dans laquelle il annonçait l'arrêt de son avancée vers Goma - la capitale provinciale du Nord-Kivu (est) - malgré la déroute de l'armée congolaise. Il a ajouté avoir proposé un cessez-le-feu unilatéral et l'ouverture d'un couloir humanitaire pour les dizaines de milliers de civils déplacés par les combats des derniers jours.

«Nous avons écrit à la Monuc pour qu'elle nous aide. Nous avons créé un couloir humanitaire. Nous attendons la réponse de la Monuc», a-t-il dit.

Le général déchu Nkunda est Tutsi comme le président rwandais Paul Kagame, considéré par Kinshasa comme son principal soutien extérieur. Il affirme protéger les Tutsis de l'est de la RDC, notamment contre les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de la libération du Rwanda (FDLR).

M. Kouchner est attendu ce week-end avec son homologue britannique David Miliband à Kinshasa, Goma et Kigali, où ils doivent être reçus par M. Kagame dont le pays a rompu en novembre 2006 ses relations diplomatiques avec la France.

Le chef de l'Etat rwandais aura auparavant reçu samedi matin le ministre belge des Affaires étrangères Karel De Gucht.

M. Kagame a d'autre part reçu dès vendredi le commissaire européen à l'Aide humanitaire Louis Michel, ancien chef de la diplomatie belge, qui a annoncé le soir même que le président rwandais acceptait finalement de rencontrer son vieil adversaire, le président de la RDC Joseph Kabila, dans le cadre d'un sommet international pour la paix.