L'accord du Rwandais Paul Kagame et Congolais Joseph Kabila à la tenue d'un sommet pour la paix dans l'est de l'ex-Zaïre est un premier succès pour la diplomatie européenne, qui poursuit ses efforts avec la visite de Bernard Kouchner et David Miliband dans la région.

Les deux présidents ont donné leur «accord» pour participer à une telle réunion, a annoncé à Kinshasa le commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire Louis Michel.M. Michel, qui a effectué une tournée qui l'a mené également à Goma (capitale provinciale du Nord-Kivu, est) et Kigali, avait indiqué plus tôt que ce sommet pourrait avoir lieu à Nairobi.

Cette réunion permettrait «de trouver une solution par le dialogue», a-t-il dit.

Joseph Kabila accuse le Rwanda de soutenir les rebelles du général déchu tutsi congolais Laurent Nkunda, ce que Kigali dément.

Les autorités rwandaises dénoncent de leur côté l'alliance qui unit selon elles sur le terrain l'armée congolaise aux rebelles hutus rwandais.

Le Français Nicolas Sarkozy, qui assure la présidence de l'UE, s'est entretenu vendredi avec les deux chefs d'Etat. Il «partage» avec M. Kagame «la nécessité de rétablir au plus vite la paix dans la région par la voie du dialogue politique» et a assuré M. Kabila du «soutien total de la France», selon l'Elysée.

L'option diplomatique a été privilégiée par l'Union européenne (UE), après le rejet de la proposition française d'envoyer des soldats au Nord-Kivu pour y accomplir une mission humanitaire en appui à la Mission de l'ONU en RDC (Monuc).

L'annonce d'un possible sommet est survenue alors que le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, et son homologue britannique David Miliband étaient en route pour la RDC et le Rwanda «avec l'espoir de rétablir la paix», selon M. Kouchner.

Avant de partir, M. Kouchner avait indiqué que la délégation allait tenter «à Kinshasa, à Goma (capitale provinciale du Nord-Kivu), et à Kigali de renouer les contacts, qui n'ont jamais été complètement rompus d'ailleurs, et d'établir d'abord peut-être un apaisement, et ensuite de nous diriger, les uns et les autres, vers des pourparlers de paix».

«C'est un massacre comme il n'y en probablement jamais eu en Afrique qui est en train de se dérouler presque sous nos yeux», a-t-il dit, faisant apparemment allusion aux violences qui secouent l'est de la RDC depuis plus de 10 ans. «Il n'est pas question de laisser ça se perpétrer», a-t-il ajouté.

Les combats entre les rebelles et l'armée, qui ont repris fin août, constituent une nouvelle poussée de violence dans l'est de l'ex-Zaïre, frontalier du Rwanda, qui n'a connu que peu de répit depuis le milieu des années 9O.

Les guerres de 1996-1997 et 1998-2003 ont commencé dans le Kivu, la dernière a fait au moins 300.000 morts directs et plus de trois millions de victimes indirectes (violences, famine, maladies).

M. Kouchner, M. Miliband, et le secrétaire d'Etat français à la Coopération Alain Joyandet doivent également évaluer les besoins humanitaires au Nord-Kivu, où des dizaines de milliers de civils ont été jetés sur les routes par les combats.

En début de semaine, Laurent Nkunda, dont les hommes se trouvent aux portes de Goma, a proclamé un cessez-le-feu unilatéral, mais la situation reste très tendue.

La présence du ministre britannique, pays allié de Kigali dont il soutient la candidature au Commonwealth, aux côtés de M. Kouchner pourrait être précieuse pour Paris, les relations diplomatiques entre la France et le Rwanda étant rompues depuis novembre 2006.

Kigali accuse Paris d'avoir été impliqué dans le génocide de 1994 au Rwanda, ce que la France dément.

«Il y a en effet des difficultés entre le Rwanda et la France, mais ça ne devrait pas nous arrêter à ce niveau», a déclaré le ministre français, qui s'était rendu à Kigali à janvier pour tenter de normaliser les relations.