Cinq attentats à la voiture piégée ont visé mercredi des bâtiments stratégiques et l'ONU en Somalie, tuant au moins 25 personnes ainsi que cinq kamikazes, et plongeant un peu plus dans le chaos ce pays de la Corne de l'Afrique où progresse une insurrection des radicaux islamistes.

 

Les attentats, commis quasi simultanément dans les deux villes principales du nord de la Somalie, n'avaient toujours pas été revendiqués mercredi.

Ils surviennent au moment où les dirigeants des pays membres de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad, regroupant sept pays d'Afrique de l'Est) planchaient à Nairobi sur les moyens de sortir le pays de l'impasse politique et sécuritaire totale après 17 ans de guerre civile.

Dimanche, un accord a été signé sous l'égide de l'ONU entre le gouvernement somalien et l'opposition islamiste modérée visant à mettre en oeuvre un cessez-le-feu. Accord catégoriquement rejeté par les «shebab», combattants islamistes extrémistes à la tête de l'insurrection en Somalie.

Selon un bilan encore privisoire, au moins 19 personnes ont été tuées mercredi dans trois attentats à la voiture piégée à Hargeisa, capitale de la République autoproclamée du Somaliland (nord-ouest de la Somalie), ainsi que les trois kamikazes auteurs des attaques.

Les attentats ont visé des bâtiments stratégiques de la capitale: le palais présidentiel, les bureaux du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), qui sert de siège pour d'autres agences de l'ONU, et la représentation diplomatique de l'Ethiopie.

Le secrétaire à la présidence fait partie des victimes, selon un responsable de la police du Somaliland qui a incriminé des «groupes terroristes».

Au moins quatre employés éthiopiens de la représentation diplomatique de l'Ethiopie au Somaliland ont été tués, a indiqué pour sa part le ministère des Affaires étrangères à Addis Abeba.

Selon Abdinasir Ahmed, membre du personnel médical au plus grand hôpital d'Hargeisa, au moins 24 blessés ont été admis, dont certains avec des blessures graves.

Il n'était pas établi dans l'immédiat si le président du Somaliland, Dahir Riyale Kahin, se trouvait dans ses bureaux au moment de l'attentat. Selon la police, il se trouvait en sécurité mercredi après-midi.

Dans un communiqué à Genève, les Nations unies ont indiqué qu'à «environ 10h00 locales, le siège du PNUD à Hargeisa a été frappé par une explosion provoquée par un véhicule ayant forcé l'entrée de notre bâtiment».

Des morts et des blessés sont à déplorer, selon le communiqué, sans autre précision.

Le Somaliland, ancienne colonie britannique rattachée à la Somalie italienne à l'indépendance de 1960, a fait sécession de la Somalie en mai 1991, cinq mois après la chute du président somalien Mohamed Siad Barre qui avait marqué le début de la guerre.

Le Somaliland était jusqu'ici relativement épargné par les violences ravageant le reste de la Somalie.

A Bosasso, capitale économique du Puntland, région semi-autonome du nord-est de la Somalie, deux attentats suicide à la voiture piégée ont visé deux bâtiments des services de renseignements du Puntland (PIS), chargé de la lutte antiterroriste, tuant six agents du PIS, selon le président de la région, Mohamoud Musa Hirsi Adde, lors d'un point de presse.

«Les attaques à Hargeisa et Bosasso étaient coordonnées et planifiées par le même groupe, elles ne peuvent rester impunies», a-t-il lancé.

Le PIS a reçu des financements de pays occidentaux pour ses opérations antiterroristes visant notamment les extrémistes islamistes.

Le 5 février, un double attentat revendiqué par les «shebab» avait fait au moins 20 morts et 80 blessés à Bosasso.

Le Puntland a été fondé en 1998 par Abdullahi Yusuf Ahmed, devenu depuis président des institutions de transition somaliennes.