Le gouvernement somalien et l'opposition islamiste modérée ont signé dimanche un accord sur l'entrée en vigueur dans une dizaine de jours d'un cessez-le-feu, appelé à ouvrir la voie au retrait d'ici au début 2009 des troupes éthiopiennes présentes dans le pays depuis deux ans.

Cet accord, signé sous l'égide de l'ONU et de l'Union africaine (UA) à Djibouti, fixe au 5 novembre l'entrée en vigueur effective d'une trêve conclue en juin entre gouvernement et opposition, mais qui n'a jusqu'ici pas été respectée. Le cessez-le-feu «sera effectif à partir du 5 novembre 2008», stipule le texte signé par le gouvernement fédéral de transition (TFG) et l'Alliance pour une nouvelle libération de la Somalie (ARS, dominée par les islamistes).

Pays en guerre civile depuis 1991, la Somalie, qui fait face à une situation humanitaire catastrophique, est le théâtre de violences meurtrières quasi quotidiennes entre d'un côté les forces somaliennes et éthiopiennes alliées et de l'autre des insurgés dirigés par la mouvance islamiste.

«À partir du 21 novembre, les troupes éthiopiennes se retireront de certaines parties des villes de Beledweyne (centre) et de (la capitale) Mogadiscio (...); la deuxième phase du retrait des troupes éthiopiennes sera terminée d'ici à 120 jours», ajoute l'accord.

Interrogée par l'AFP, Susannah Price, porte-parole du représentant spécial de l'ONU pour la Somalie, Ahmedou Ould Abdallah, n'était pas en mesure de préciser quand cette période de 120 jours devait débuter exactement.

L'armée éthiopienne était intervenue en Somalie voisine officiellement fin 2006, Addis-Abeba arguant que les islamistes représentaient une menace pour l'Ethiopie.

Des points importants de ce nouvel accord - notamment l'entrée en vigueur de la trêve, le principe de retrait des troupes éthiopiennes et du déploiement d'une force de l'ONU - figuraient déjà dans l'accord signé le 9 juin à Djibouti dans le cadre de pourparlers de réconciliation, mais n'ont pas été appliqués depuis.

L'accord prévoit aussi que le TFG et l'ARS «doivent mettre en place une force de police de 10 000 membres pour maintenir la paix et la sécurité à Mogadiscio et dans les autres régions», dont les frais seront couverts par l'ONU.

«Pour éviter un vide sécuritaire dans les lieux d'où les troupes éthiopiennes se retireront, la sécurité sera au départ de la responsabilité des troupes de l'Amisom (force de paix de l'Union africaine en Somalie), avec l'aide des forces du TFG et de l'ARS, jusqu'au déploiement d'une force de l'ONU», selon le texte.

Le 9 juin, le gouvernement somalien et la principale coalition de l'opposition avaient signé un accord de cessation des hostilités lors des pourparlers de Djibouti.

Mais dès le 10 juin, l'un des plus hauts responsables des islamistes somaliens, cheikh Hassan Dahir Aweys, recherché par les États-Unis qui l'accusent d'être lié à Al-Qaeda, avait rejeté cet accord.

Fin juillet, cette coalition de l'opposition somalienne s'était scindée après que cheikh Aweys se fut unilatéralement proclamé chef de l'ARS. Il n'avait pas réagi dans l'immédiat à la signature de l'accord de dimanche.

Les violences et l'insurrection, dirigée par les Shebabs (combattants islamistes extrémistes), n'ont pas cessé dans le pays depuis la trêve de juin.

Mogadiscio est en effet le théâtre d'attaques meurtrières quasi quotidiennes depuis la débâcle fin 2006 des tribunaux islamiques qui contrôlaient une partie de la Somalie.

Les insurgés, qui exigent le départ de toutes les forces étrangères du pays, mènent régulièrement des attentats meurtriers visant en particulier les forces somaliennes et éthiopiennes, l'Amisom et les représentants gouvernementaux.

Depuis le début de la guerre civile qui a fait environ 300 000 morts, une dizaine de tentatives de ramener la paix en Somalie ont fait long feu.