Les autorités tunisiennes ont contesté mercredi le risque de torture ayant motivé l'octroi de l'asile politique au Danemark à un Tunisien soupçonné d'avoir projeté d'assassiner le dessinateur danois d'une caricature de Mahomet.

Les raisons évoquées «sont infondées et totalement aux antipodes des réalités tunisiennes», a-t-on affirmé de source officielle à Tunis.«Si les instances danoises sont souveraines quant à l'appréciation des suites à donner aux demandes d'asile qui leur sont soumises, il est toutefois nécessaire que de telles décisions ne soient pas fondées sur des déclarations mensongères» a-t-on ajouté.

Le droit d'asile obtenu par le Tunisien détenu sans procès depuis le 12 février en attente d'une expulsion du Danemark vers la Tunisie, a été annoncé mardi par le cabinet de son avocat.

Sa demande d'asile a été acceptée par la commission de recours des réfugiés, Flytninge-Naevnet, qui a estimé qu'il «risque d'être torturé en Tunisie s'il est expulsé et qu'il n'y pas de raison de le maintenir en détention», avait indiqué à l'AFP Kirsten Houmann, secrétaire de Me Gunnar Homann.

La décision de la commission «ne peut être appelée» par le gouvernement qui a décidé précédemment de son expulsion par voie administrative suite à une recommandation des services de renseignement de la police (PET) pour lesquels ce Tunisien et un compatriote complice, représentaient une menace pour la sécurité de l'Etat.

«Tous les prévenus bénéficient, en Tunisie, de toutes les garanties d'un procès équitable» et la loi «garantit l'intégrité physique et morale des détenus», a ajouté la source officielle, citant l'inspection «régulière des prisons» et des visites périodiques du Comité international de la croix rouge.

Le Tunisien âgé de 36 ans bénéficiera d'un «statut d'un séjour toléré» qui ne lui permet pas de travailler, ni de recevoir des allocations d'assistance, et l'oblige au contrôle régulier à la police.

Son complice de 26 ans a quitté le Danemark en août, selon la police.

Les deux hommes sont soupçonnés d'avoir projeté d'assassiner Kurt Westergaard, l'auteur de l'un des douze dessins controversés du prophète publiés le 30 septembre 2005 par le quotidien Jyllands-Posten.