Le président soudanais Omar el-Béchir, menacé d'un mandat d'arrêt international pour «génocide» au Darfour, a lancé jeudi une initiative pour la paix dans cette province en guerre civile, lors d'une cérémonie à laquelle n'assistaient pas les groupes rebelles.

«Malgré les difficultés et les obstacles (...), nous annonçons que nous sommes résolus à une solution définitive cette fois» au Darfour, dans l'ouest du Soudan, a dit M. Béchir. «Nous appelons toutes les parties concernées à appuyer les tentatives de l'Etat» pour la paix.Il s'exprimait devant de nombreux responsables locaux et régionaux réunis à Khartoum, dont le chef de la Ligue arabe Amr Moussa et le président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping.

«Les solutions fondamentales au problème du Darfour résident dans un développement global équilibré (de la province) et un système administratif non centralisé», a-t-il ajouté, affirmant qu'un budget de 250 millions de dollars serait alloué au développement de cette région l'an prochain.

Cette «Initiative du peuple du Soudan», dernière en date des initiatives lancées pour tenter de mettre fin au conflit au Darfour, est considérée par les détracteurs de M. Béchir comme une tentative de détourner l'attention des accusations de «génocide» portées contre lui par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI).

Les discussions sur cette initiative qui se tiendront vendredi doivent déboucher sur des recommandations samedi.

M. Moussa a averti que cette nouvelle initiative ne pouvait se permettre d'échouer. «Tous sont invités, quelles que soient leurs opinions ou positions, à se joindre au reste de leur peuple et à discuter des problèmes du Soudan en toute confiance, franchise et transparence».

«J'appelle tout le monde à adopter la voie du dialogue. Je demande à tous ceux qui portent des armes de les déposer. Cette initiative n'a pas droit à l'échec», a-t-il dit.

Le médiateur de l'ONU et de l'UA, Djibril Bassolé, a quant à lui affirmé que «l'Union africaine, la Ligue arabe et la communauté internationale dans son ensemble mettent beaucoup d'espoirs dans (cette) initiative».

«Certains observateurs ont des réserves sur la capacité de cette initiative à trouver les solutions efficaces pour la question du Darfour. Ils font allusion au fait que les leaders des mouvements armés ne sont pas présents ici», a-t-il poursuivi selon une traduction en arabe de ses propos.

Il a recommandé d'inclure les mouvements rebelles dans tout dialogue.

Minni Minnawi, le leader de la seule faction rebelle du Darfour à avoir signé la paix avec le gouvernement de Khartoum, a estimé que le Soudan passait par «des circonstances exceptionnelles qui nécessitent que tous unissent leurs efforts pour sortir de l'impasse».

Le conflit entre groupes rebelles et forces gouvernementales au Darfour a fait depuis 2003 plus de 300.000 morts selon l'ONU, 10.000 selon Khartoum.