Le Swaziland, où le roi Mswati III règne d'une main de fer, a voté vendredi dans le calme pour des législatives considérées comme une farce par l'opposition qui réclame des élections pluralistes et l'abolition de la monarchie.

Quelque 350.000 électeurs devaient désigner 55 députés parmi des candidats qui se présentaient à titre individuel, les partis politiques étant interdits depuis 35 ans dans ce petit pays montagneux enclavé entre l'Afrique du Sud et le Mozambique.

Les 342 bureaux de vote «sont officiellement fermés», a déclaré peu après 17H00 (15H00 GMT) le vice-président de la commission électorale Mzwandile Fakudze, en assurant que le scrutin avait été «paisible» et «sans incident».

D'importantes forces policières avaient été déployées dans le royaume pour empêcher tout débordement et les électeurs ont formé des files d'attente dès les premières heures devant les bureaux de vote de la capitale Mbabane.

Parmi eux, Nomusa Dlamini expliquait être venue par «peur que quelqu'un note (son) absence au bureau de vote». «Je ne sais même pas qui sont ces gens pour qui je vais voter, je les verrai pour la première fois sur le bulletin de vote», confiait la jeune femme de 22 ans.

«On nous a dit que si nous n'avions pas de carte d'électeurs, nous n'aurions pas le droit d'accéder à la fonction publique et aux bourses d'études à l'étranger», rapportait-elle.

Depuis des mois, l'opposition dénonce une «parodie de démocratie» et s'insurge contre l'omnipotence du roi, le «Lion» de la Nation, dernier monarque absolu du continent.

«Cette élection n'est qu'une vitrine destinée à jeter de la poudre aux yeux de la communauté internationale», a déclaré vendredi à l'AFP Mario Masuku, leader du Mouvement démocratique uni populaire (Pudemo, parti interdit).

«Nous appelons la communauté internationale à exercer des pressions sur le gouvernement swazi pour qu'il accepte la démocratisation», a-t-il ajouté.

Pour la première fois, des observateurs étrangers, du Commonwealth et du continent africain, ont été autorisés à surveiller ces élections quinquennales.

«Le fait que les partis politiques ne participent pas à ce scrutin font que ces élections sont uniques (...) mais nous espérons que les choses changeront avec le temps», a indiqué Mary Mugyenyi qui mène la mission du Parlement pan-africain.

L'Union africaine a refusé de s'exprimer à ce sujet. «Nous sommes venus dans ce pays invité par le gouvernement», a juste souligné son chef de mission, Abdool Rahman.

«Les élections ont été libres et justes», a pour sa part assuré le chef de la mission de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), Francisco Madeira, tout en admettant que le scrutin «n'était pas ce à quoi (il) s'était attendu».

Le dépouillement commencera samedi matin et les résultats devraient être communiqués dans la journée. Le roi Mswati III nommera ensuite dix députés supplémentaires et désignera le Premier ministre dans les mois à venir.

Syndicats et partis politiques interdits ont à plusieurs reprises dénoncé ce système. Jeudi encore, ils ont tenté de bloquer les postes frontière entre le Swaziland et l'Afrique du Sud, mais ils en ont été empêchés par la police qui a brièvement détenu leurs leaders.

Ces législatives ont lieu deux semaines après les coûteuses festivités du 40e anniversaire de l'indépendance du Swaziland, où deux tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Une grande partie des 1,1 million d'habitants, affectés par la sécheresse, ont à peine de quoi manger et 40% des adultes sont contaminés par le virus du sida, taux le plus élevé du monde.