(Genève) L’OMS a encore critiqué la réticence de la Chine à partager des données fiables sur la vague de COVID-19 qui balaie le pays, mais salué à l’inverse « la transparence radicale » des États-Unis dans leur lutte contre le sous-variant XBB.1.5.

L’Organisation mondiale de la santé reste convaincue « que le nombre de décès en Chine est toujours très sous-évalué », a dit le docteur Michael Ryan, responsable des situations d’urgence à l’OMS, lors d’un point de presse à Genève.

C’est lié à la définition très étroite des autorités chinoises de ce qu’est un mort de la COVID-19, mais aussi au fait que les médecins « doivent être encouragés à signaler les cas et pas découragés », a-t-il expliqué.

À l’inverse, il a salué la collaboration des autorités américaines, qui sont confrontées à un sous-variant d’Omicron très présent dans le pays : le XBB.1.5.

« Il y a eu une transparence radicale de la part des États-Unis en termes d’engagement avec l’OMS concernant les données et l’impact de ces données », s’est félicité l’Irlandais.  

Pour l’heure, si ce sous-variant « est plus transmissible que les sous-variants précédents, il n’y a pas de données indiquant s’il est plus ou moins sévère », a souligné la docteure Maria Van Kerkhove, qui chapeaute la lutte contre la COVID-19 à l’OMS.

L’OMS estime avec beaucoup de prudence que ce sous-variant pourrait « mener à une augmentation de l’incidence des cas », mais souligne qu’elle est obligée de se baser quasiment uniquement sur la situation aux États-Unis.

C’est là qu’ont été réalisés plus de 82 % des 5288 séquençages qui ont permis de détecter le XBB.1.5 dans 38 pays.

Informations insuffisantes

En Chine, malgré une collaboration de plus en plus étroite, « nous ne disposons toujours pas d’informations suffisantes pour procéder à une évaluation complète des risques », a renchéri Mike Ryan.

C’est ce qui explique selon lui en partie les tests imposés par de nombreux pays aux voyageurs chinois plutôt qu’à ceux qui viennent des États-Unis.

« L’absence de données leur fait prendre des mesures de précaution et c’est compréhensible », a renchéri le docteur Ryan.

Côté chinois, les autorités n’ont pas l’intention de changer de méthode.

« Pour le moment, je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’enquêter sur la cause (de décès) pour chaque cas individuel », a estimé l’épidémiologiste Liang Wannian, mercredi.  

À en croire les chiffres officiels, seuls 37 décès liés à la COVID-19 ont été enregistrés en Chine depuis le mois dernier, sur une population de 1,4 milliard d’habitants.

Au-delà du cas des morts, l’OMS regrette aussi le manque de séquençage qui seul permet de détecter de nouveaux sous-variants rapidement.

La Chine pas seule

Mais la Chine est loin d’être le seul mauvais élève de la classe. Énormément de pays ont réduit les tests à la portion congrue.  

« La proportion de séquençage a chuté de 90 % depuis le haut de la vague Omicron » l’année dernière, a dénoncé le patron de l’organisation, Tedros Tedros Adhanom Ghebreyesus.

La COVID-19 fait entre 10 000 et 14 000 morts par semaine malgré les vaccins et les traitements disponibles, a rappelé le docteur Tedros, soulignant que ces chiffres étaient sans aucun doute très largement en deçà de la réalité.

Avec la pandémie qui vient d’entrer dans sa quatrième année, le patron de l’OMS a encore appelé les pays « à se concentrer sur la vaccination complète des groupes les plus à risque, en particulier les personnes âgées.

Et nous continuons d’appeler tout le monde à prendre les précautions appropriées pour se protéger et protéger les autres. »