(Washington) Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a prévenu dimanche que les États-Unis s’opposeraient à l’établissement de nouvelles colonies par le prochain gouvernement israélien en Cisjordanie occupée, au moment où Benyamin Nétanyahou s’apprête à retrouver le pouvoir grâce à une coalition avec l’extrême droite.

« Nous continuerons également à nous opposer sans équivoque à toute action qui mette la solution à deux États en danger, notamment l’extension des colonies, des mesures en vue de l’annexion de la Cisjordanie, le fait de perturber le statu quo historique des lieux saints, les démolitions et les expulsions, et l’incitation à la violence », a indiqué le secrétaire d’État lors d’une intervention auprès du groupe progressiste américain pro-Israël J Street.

Le bloc de droite et ses alliés ultra-orthodoxes et d’extrême droite est arrivé majoritaire aux législatives israéliennes du 1er novembre, avec 64 sièges sur 120, permettant à Benyamin Nétanyahou d’entamer des négociations pour former un gouvernement.

Lors de son intervention dimanche, Antony Blinken a félicité M. Nétanyahou, dont les relations avec les États-Unis ont parfois été orageuses.

« Nous jugerons le gouvernement [israélien] à l’aune de ses politiques et non à celle de ses personnalités individuelles », a toutefois noté le secrétaire d’État, ajoutant que l’administration Biden travaillerait « sans relâche » pour préserver un « horizon d’espoir » en vue de la création d’un État palestinien.

« Développer la colonisation »

Plus de 475 000 Israéliens vivent actuellement dans des colonies en Cisjordanie, illégales au regard du droit international, soit environ quatre fois plus qu’à la signature, dans les années 1990, des accords d’Oslo qui n’ont pas débouché à une paix durable entre Israéliens et Palestiniens.

Engagé dans les négociations gouvernementales, Benyamin Nétanyahou a signé jeudi un accord de coalition avec une des trois formations d’extrême droite, qui a ainsi obtenu un poste clé dans l’essor de la colonisation en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël.

En vertu de cet accord, le parti « Sionisme religieux » obtient notamment le portefeuille – en rotation – des Finances, celui de l’Immigration, ainsi que des « fonctions » dans la branche du ministère de la Défense chargée des colonies israéliennes en Cisjordanie.

Le chef de cette formation, Bezalel Smotrich, a dit son intention de « développer la colonisation », dans un communiqué conjoint avec M. Nétanyahou.

Colère de la communauté LGBTQ+

Benyamin Nétanyahou a promis au cours de la campagne d’être « le premier ministre de tous », mais un autre accord de coalition, avec un dirigeant d’extrême droite ouvertement homophobe, a provoqué fin novembre la colère de la communauté LGBT+ israélienne.

Le chef de la diplomatie américaine a souligné dimanche que les États-Unis insisteraient sur le respect des « principes démocratiques fondamentaux, dont le respect des droits des personnes LGBTQ+ et l’administration équitable de la justice pour tous les citoyens d’Israël ».

Interrogé à ce sujet dimanche lors d’un entretien sur la chaîne américaine NBC, M. Nétanyahou a balayé les critiques, assurant : « Je n’accepterai rien de cela. […] Au bout du compte, je déciderai des politiques » mises en place.

En vertu des lois israéliennes, il a jusqu’au 11 décembre pour former un gouvernement mais peut aussi demander une extension de 14 jours.