Peu d’hommes au pouvoir se sont penchés sur l’égalité des sexes sur la scène principale des Nations unies ce mois-ci, mais ceux qui l’ont fait y sont allés avec audace : revendiquer la crédibilité féministe en promouvant la « masculinité positive » et en exigeant résolument la fin du patriarcat.

Au premier jour de la réunion de l’Assemblée générale des dirigeants mondiaux, le président bolivien Luis Arce a présenté 2022 comme « l’année de la révolution culturelle pour la dépatriarcatisation » pour son pays et a exhorté les Nations unies à adopter un effort sur une décennie pour en faire de même.

M. Arce a déclaré que son pays souhaitait promouvoir des politiques visant à « transformer cette réalité regrettable causée par le patriarcat en tant que système d’oppression le plus ancien, et qui est également liée au colonialisme et au capitalisme ».

L’égalité des sexes, l’un des principaux objectifs des Nations unies, est depuis longtemps un sujet de discussion sûr pour les dirigeants mondiaux, et les progrès réalisés en matière d’autonomisation des femmes ont été brièvement et poliment évoqués, notamment la promotion des femmes dans des rôles importants, l’égalité des chances en matière d’éducation pour les filles et le soutien de l’autonomie des femmes sur leur propre corps.

Il y avait aussi des dirigeants qui n’ont pas du tout prononcé les mots « femmes » ou « filles » pendant leur passage sur scène — le roi de Jordanie, le président de Chypre ou encore le premier ministre du Japon.

À d’autres moments, le mot « féminisme » — qui a longtemps été tabou — était utilisé avec fierté.

Le président libérien George Weah s’est déclaré « féministe en chef ». Le premier ministre andorran Xavier Espot Zamora a reconnu que « le féminisme est l’un des grands défis du moment ». Le premier ministre espagnol Pedro Sánchez a vanté « le mouvement féministe et la lutte pour l’égalité des sexes ».

« Nous vivons à une époque où revendiquer les droits fondamentaux est encore un acte révolutionnaire, a déclaré M. Sánchez dans son discours à l’ONU. Les menaces mondiales à la liberté sexuelle et reproductive des femmes sont un autre exemple de la lenteur douloureuse avec laquelle le monde progresse vers la garantie de la pleine égalité. Pire encore, c’est la fragilité de nos acquis sociaux passés, victimes du recul de certaines démocraties avancées, ce qui est tout à fait inexplicable à ce stade du XXIe siècle. »

C’était une flèche apparemment dirigée contre les États-Unis, pays hôte de l’évènement, où une récente décision de la Cour suprême a mis fin au droit constitutionnel à l’avortement. En revanche, le président américain Joe Biden n’a fait qu’une mention passagère du droit à l’avortement — alors même que la décision du tribunal continue de se propager à travers le pays.

« L’avenir sera gagné par les pays qui libèrent le plein potentiel de leurs populations, où les femmes et les filles peuvent exercer des droits égaux, y compris les droits reproductifs fondamentaux », a déclaré M. Biden dans son discours.

Les Nations unies ont défini la masculinité positive comme « une approche innovante pour engager et impliquer les hommes, et en faire des alliés dans les efforts d’égalité des sexes et de consolidation de la paix dans les situations de conflit et de post-conflit ».