(New York) Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a fait part à son homologue chinois Wang Yi vendredi de la nécessité de préserver la « paix et la stabilité » dans le détroit de Taïwan.

M. Blinken « a insisté sur le fait que la préservation de la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan était essentielle pour y maintenir la sécurité et la prospérité régionale et mondiale », a indiqué le porte-parole du département d’État, Ned Price, à l’issue de leur réunion de 90 minutes qui s’est déroulée en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.

Le chef de la diplomatie américaine a également mis en garde son homologue contre « les implications si la Chine devait fournir son soutien à l’invasion russe d’un pays souverain », selon la même source.

La Chine est officiellement neutre, mais parfois accusée par les Occidentaux d’être trop conciliante avec la Russie, même si des responsables américains ont fait part d’espoirs mesurés après les déclarations de Pékin cette semaine à l’ONU.

Le ministre chinois a d’ailleurs rencontré à New York son homologue ukrainien Dmytro Kouleba, l’assurant que Pékin appelait à respecter « l’intégrité territoriale de tous les pays ».

La rencontre entre MM. Blinken et Wang a été « extrêmement sincère, constructive et approfondie », a résumé un responsable américain sous couvert d’anonymat, alors que les États-Unis se font fort de maintenir les canaux de communication ouverts avec Pékin.

Il s’agissait de leur première rencontre depuis des discussions en juillet à Bali où les deux hommes avaient affiché leur volonté de renouer le dialogue.

Un mois après, la présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, se rendait à Taïwan provoquant l’ire de Pékin et un regain de tensions entre les deux grandes puissances.

Dans une entrevue dimanche, le président américain Joe Biden a affirmé être prêt à intervenir militairement si la Chine recourait à la force, déviant une fois de plus de l’ambiguïté stratégique américaine.

« Signaux dangereux »

Durant sa rencontre avec M. Blinken, M. Wang a accusé les États-Unis d’« envoyer des signaux très mauvais et dangereux » encourageant l’indépendance de Taïwan, selon un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères.

M. Wang a déclaré à M. Blinken que la Chine souhaitait une « réunification pacifique » avec Taïwan, avertissant que « plus il y a d’activités qui sévissent pour “l’indépendance de Taïwan”, moins vraisemblable devient une solution pacifique », selon le ministère chinois des Affaires étrangères.

De son côté, le responsable américain a indiqué que M. Blinken avait insisté devant M. Wang sur le fait qu’« il n’y a eu aucun changement » de la politique américaine de reconnaissance de Pékin uniquement, manifestant son opposition à « tout changement unilatéral dans le statu quo » par l’un des deux côtés.

Dans un gage d’apaisement, le ministre chinois a dit jeudi avoir rencontré à New York l’émissaire climat des États-Unis, l’ex-chef de la diplomatie John Kerry, malgré le fait que Pékin ait suspendu la coopération en la matière en représailles à la visite de Mme Pelosi à Taïwan.

M. Blinken a maintenu l’entretien vendredi malgré avoir allégé son programme en raison du décès de son père jeudi.

Dans un discours jeudi à New York, M. Wang avait réitéré la colère de Pékin concernant le soutien des États-Unis à l’île de Taïwan que Pékin considère comme faisant partie de son territoire.

« La question de Taïwan devient le sujet de crispation le plus risqué dans les relations américano-chinoise », a-t-il relevé.

« Devait-elle être mal gérée que cela pourrait dévaster les relations bilatérales » entre les deux pays, a-t-il mis en garde devant l’Asia Society, un centre de recherches.

M. Wang a précisé que les deux pays souhaitaient faire en sorte que « la relation américano-chinoise fonctionne », sans confrontation, tout en notant que Washington jouait sur plusieurs tableaux à la fois.

Le Congrès américain est un ardent soutien de Taïwan. Un projet de loi qui prévoit notamment une première aide militaire directe des États-Unis à Taïwan, a franchi récemment une étape clé au Sénat.