L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rehaussé le niveau d’alerte de la variole simienne devant la montée des cas en déclarant une « urgence de santé publique de portée internationale » samedi. Au Québec, le ministère de la Santé estime que la situation est « relativement contenue ».

Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a tranché après une réunion d’un comité qui n’avait pas été en mesure d’atteindre un consensus.

« Nous avons une épidémie qui s’est propagée rapidement dans le monde, par de nouveaux modes de transmission, que nous comprenons trop peu et qui répond aux critères du Règlement sanitaire international », a-t-il déclaré en conférence de presse. « Pour toutes ces raisons, j’ai décidé que l’épidémie mondiale de variole simienne représentait une urgence de santé publique de portée internationale », soit le plus haut niveau d’alerte possible.

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Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS

Il a souligné que plus de 16 000 cas avaient été diagnostiqués dans 75 pays jusqu’à présent ; la maladie a fait 5 morts. Cela dit, « il s’agit pour le moment d’une épidémie qui se concentre chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, en particulier ceux qui ont plusieurs partenaires sexuels », a poursuivi M. Adhanom Ghebreyesus. « Cela signifie qu’il s’agit d’une épidémie qui peut être stoppée avec les bonnes stratégies dans les bons groupes », a-t-il avancé, ajoutant que « la stigmatisation et la discrimination peuvent être aussi dangereuses que n’importe quel virus ».

Des recommandations ont été émises par l’OMS pour différents groupes d’États en fonction de leur situation sanitaire, par exemple la production de vaccins et des mesures à prendre pour limiter la propagation de la maladie.

331 cas au Québec

Au Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) estime que « la situation de la variole simienne dans la province est relativement contenue ». Jusqu’à présent, 331 cas ont été dépistés et 12 361 personnes ont été vaccinées, a précisé Sylvain Gobeil, directeur adjoint du cabinet du ministre Christian Dubé.

À elle seule, la clinique de santé sexuelle l’Actuel a rapporté le tiers des cas au Québec. Évaluer et traiter ces nombreux patients perturbe les activités du centre médical, déplore le DRéjean Thomas, président et fondateur de l’Actuel.

« On est toujours très débordés. À 7 h le matin, il y a un line-up d’à peu près 20 personnes », raconte-t-il.

Selon le DThomas, l’alerte lancée par l’OMS samedi est « très importante » pour inciter les autorités à faire plus : plus de prévention, plus de recherche et plus de soutien aux cliniques qui œuvrent auprès des communautés LGBTQ.

Le DDonald Vinh, infectiologue et microbiologiste médical au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), est d’accord avec l’évaluation du MSSS. Selon lui, le Québec est « en avance » sur le reste du monde et arrive à freiner la propagation de la maladie en travaillant avec les experts et les communautés touchées.

Il se dit également d’accord avec la décision de l’OMS de rehausser le niveau d’alerte. Il s’agit selon le DVinh d’une décision « tragiquement importante », en particulier parce qu’elle déclenche une réponse internationale coordonnée. Elle est cependant plutôt tardive, a ajouté l’infectiologue, craignant que l’OMS répète en cela les erreurs lors d’épidémies précédentes, dont celle de la COVID-19.

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Clinique extérieure de vaccination contre la variole simienne installée dans le Village, à Montréal

Surtout, il faut vacciner davantage, souligne le DRéjean Thomas, qui se dit surpris du nombre de patients non vaccinés. D’autant qu’« il y aura beaucoup de monde » en ville à l’occasion de Fierté Montréal, qui commence le 1er août.

« On a beaucoup dit au début que la variole était une maladie bénigne et qu’elle se transmettait peu. Moi, au bureau, je vois des cas assez graves, des personnes obligées d’être hospitalisées. C’est souffrant », prévient-il.

La liste des centres de vaccination du Québec est publiée sur le site internet du gouvernement et sur le portail Clic Santé. Le vaccin est offert à toute personne ayant eu des contacts avec une personne infectée durant les 14 derniers jours, à certaines conditions, et aux hommes (cis ou trans) qui ont eu ou auront des relations sexuelles avec un autre homme, dans certains contextes.

La variole simienne peut se transmettre par voie sexuelle, mais aussi lors de contacts physiques étroits avec une personne infectée, ses vêtements ou ses draps.

Si, dans la plupart des cas, la maladie se guérit d’elle-même en deux à quatre semaines, des complications mortelles peuvent survenir pour environ 1 % des cas, touchant en particulier les personnes immunosupprimées.

Fièvre, sueurs nocturnes, maux de tête, ganglions enflés et douleurs musculaires sont les principaux signes précurseurs de la maladie. Les personnes présentant ces symptômes sont invitées à consulter rapidement un professionnel de la santé pour une évaluation, à porter un masque et à couvrir les lésions.