(Stockholm) Le risque de contagion de la variole du singe est « très faible » dans la population en général, mais « élevé » chez les personnes ayant plusieurs partenaires sexuels, a estimé lundi l’agence de l’Union européenne chargée des maladies.

« Pour la population en général, la probabilité de contagion est très faible », indique le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) dans sa première évaluation des risques depuis l’apparition inhabituelle de dizaines de cas en Europe et en Amérique du Nord.

« Toutefois, la probabilité de transmission du virus en cas de contact proche, par exemple durant des rapports sexuels avec des personnes ayant plusieurs partenaires, est considérée comme élevée », souligne l’agence dans son rapport.

La variole du singe se traduit d’abord par une forte fièvre et évolue rapidement en éruption cutanée, avec la formation de croûtes, notamment sur le visage.

L’ECDC recommande l’isolement de tous les cas jusqu’à ce que les lésions provoquées par la maladie « soient complètement guéries ».

Au total, 85 cas ont été recensés jusqu’ici dans neuf pays de l’UE (France, Belgique, Autriche, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Espagne, Portugal et Suède), selon l’ECDC. Les autorités sanitaires au Danemark ont par ailleurs annoncé un premier cas lundi.

La maladie, cousine moins dangereuse de la variole éradiquée depuis une quarantaine d’années, est endémique en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.  

Mais la multiplication des cas hors de la zone de diffusion habituelle inquiète les experts.

Des cas ont également déjà été enregistrés au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Canada et en Australie.  

Outre les relations sexuelles, des contacts de muqueuses ou de plaies infectées, ou encore de grosses gouttelettes transmises lors d’un face-à-face prolongé sont considérés comme des vecteurs possibles, selon l’agence.

« Je suis préoccupée par la hausse du nombre de cas signalés de variole du singe dans l’UE et au niveau mondial », a commenté la commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, citée dans un communiqué de l’ECDC.  

« Nous suivons la situation de près, et même si la probabilité d’une contagion à la population générale est faible, la situation évolue », a-t-elle prévenu.

Si la plupart des cas sont peu graves, la variole du singe peut l’être chez les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées, souligne l’ECDC.  

L’agence européenne appelle également à la vigilance sur une éventuelle transmission de l’homme à l’animal.

« Si une transmission de l’humain à l’animal se produit, et que le virus se diffuse dans la population animale, il y a un risque que la maladie devienne endémique en Europe », souligne-t-elle.

La transmission « peut être stoppée dans les pays non endémiques », selon l’OMS

« C’est une situation qui peut être contrôlée, particulièrement dans les pays où nous voyons cette épidémie se produire en Europe », a déclaré Maria Van Kerkhove, responsable de la lutte contre la COVID-19 à l’OMS, mais aussi des maladies émergentes et zoonoses.

Selon la docteure Van Kerkhove, il y a actuellement « moins de 200 cas confirmés et suspectés » dans ces pays non endémiques.

« Nous sommes dans une situation où nous pouvons utiliser des outils de santé publique d’identification précoce doublée de l’isolement des cas », a-t-elle souligné, précisant qu’il n’y avait pour l’heure pas de cas grave.

Rosamund Lewis, qui est responsable de la variole au programme d’urgence de l’OMS, a souligné que « c’est la première fois que nous voyons des cas dans de nombreux pays en même temps et des personnes [malades] qui n’ont pas voyagé dans les régions endémiques d’Afrique ».

Mme Lewis a indiqué qu’on ne savait pas encore si le virus avait muté, mais a souligné que ces orthopoxviroses « ont tendance à être assez stables ».

Une grande réunion mondiale avec tous les experts de nombreuses branches doit se tenir la semaine prochaine pour débattre de cette épidémie.