(Washington) Les États-Unis ont affiché mercredi un soutien déterminé à la demande d’adhésion à l’OTAN de la Finlande et de la Suède, promettant d’être à leur côté en cas de « menace » russe et s’activant pour lever l’opposition turque.

« Je salue avec chaleur et soutiens avec force les candidatures historiques de la Finlande et de la Suède », a déclaré le président Joe Biden, qui doit accueillir jeudi la première ministre suédoise Magdalena Andersson et le président finlandais Sauli Niinistö à la Maison-Blanche.

Dans un communiqué, le démocrate se dit « impatient de travailler avec le Congrès américain et avec nos alliés de l’OTAN pour faire rapidement entrer la Finlande et la Suède dans la plus solide alliance de défense de l’histoire ».

Les deux pays nordiques ont soumis mercredi leur candidature formelle.

Historiquement non-alignés, ils ont opéré un revirement spectaculaire depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie fin février, qui a également fait basculer leur opinion publique, auparavant réticente à rejoindre l’Alliance atlantique.

Stockholm et Helsinki ont donc fait le choix de se placer sous la protection militaire des autres Européens et surtout des États-Unis, face à Moscou qui n’a pas hésité à attaquer un de ses voisins.

Les candidatures doivent franchir deux étapes-clés, un processus qui peut prendre plusieurs mois : la signature du protocole d’adhésion puis la ratification parlementaire par chacun des 30 États membres.

« Confiance » et « optimisme »

La quasi-totalité d’entre eux ont accueilli avec enthousiasme la double demande finlandaise et suédoise. A Washington, le feu vert du Congrès devrait être une formalité tant la classe politique est presque unanime.

Mais la Turquie agite la menace d’un veto à cet élargissement.

Ankara accuse la Suède d’être « la pépinière d’organisations terroristes » comme le PKK kurde et reproche aux deux pays de ne pas approuver les demandes d’extradition de personnes accusées d’être des « terroristes » ainsi que d’avoir gelé des exportations d’armes vers la Turquie.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui s’est entretenu au téléphone avec le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, a surtout rencontré mercredi à New York son homologue turc Mevlut Cavusoglu pour tenter de débloquer la situation.

« Nous comprenons leurs inquiétudes liées à la sécurité », mais celles de la Turquie « doivent aussi obtenir une réponse », a plaidé le ministre turc, tout en se disant prêt à en « discuter avec les amis et alliés, dont les États-Unis ».

« Nous voulons surmonter les divergences par le dialogue et la diplomatie », a encore assuré, plus globalement, Mevlut Cavusoglu, semblant laisser la porte ouverte à une solution.

Après la rencontre, qu’il a qualifiée d’« extrêmement positive », il a évoqué une médiation américaine. « Blinken a assuré que les États-Unis allaient transmettre les messages nécessaires pour dissiper les préoccupations de la Turquie », a-t-il affirmé.

À Washington, le conseiller de Joe Biden pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, s’est aussi montré « très optimiste ».

« Nous sommes confiants » quant « à la possibilité de répondre aux inquiétudes de la Turquie », a-t-il déclaré devant la presse à la Maison-Blanche.

« Garanties de sécurité »

Plusieurs experts estiment qu’Ankara entend obtenir des contreparties en échange de son soutien aux pays d’Europe du Nord, par exemple en matière d’armement américain — la Turquie négocie l’acquisition de nouveaux avions de combat F-16, un dossier qui avance « de manière très positive » selon Mevlut Cavusoglu.  

L’autre question en suspens concernait les garanties de sécurité, autrement dit ce que l’armée américaine est disposée à faire pour voler au secours des néo-candidats en cas de menace russe d’ici à leur entrée formelle dans l’OTAN.

Sans entrer dans le détail, les responsables américains ont tenu à faire savoir qu’ils soutiendraient les deux pays.

« Pendant que leurs demandes d’adhésion à l’OTAN sont examinées, les États-Unis travailleront avec la Finlande et la Suède pour rester vigilants face à toute menace contre notre sécurité commune, et pour décourager et faire face à toute agression ou menace d’agression », a prévenu Joe Biden.

Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a parallèlement reçu son homologue suédois Peter Hultqvist pour mettre en musique ce soutien.

L’armée américaine « connaît très bien » les forces suédoises et finlandaises, a rassuré un haut responsable du Pentagone.

« Nous opérons avec elles, nous menons des exercices avec elles », « donc fournir des garanties de sécurité ne sera pas une grande difficulté pour nous », a-t-il ajouté, évoquant notamment la possibilité de nouvelles manœuvres militaires conjointes.