(Paris) Le président français Emmanuel Macron et le premier ministre indien Narendra Modi, en tournée en Europe, ont appelé mercredi à une « cessation immédiate des hostilités » en Ukraine.

« La France et l’Inde ont exprimé leur profonde préoccupation quant à la crise humanitaire et au conflit en cours en Ukraine », ont souligné les deux dirigeants dans une déclaration conjointe à l’issue d’un entretien et d’un dîner de travail à l’Élysée.

« Les deux pays ont condamné sans équivoque le fait que des civils aient été tués en Ukraine, et appelé à une cessation immédiate des hostilités afin que les parties se réunissent pour promouvoir le dialogue et la diplomatie et pour mettre fin immédiatement aux souffrances de la population », ont-ils ajouté.

Seule la France en revanche a condamné « avec force l’agression illégale et injustifiée des forces russes contre l’Ukraine ».

L’Inde, à la recherche d’un difficile équilibre entre Occident et Russie, qui lui fournit une grande partie de ses besoins en armes et énergie, s’abstient de condamner ouvertement l’invasion russe de l’Ukraine, mais appelle au dialogue pour y mettre un terme.

La guerre en Ukraine a des « conséquences bien au-delà de l’Union européenne », y compris en Asie, avait souligné avant l’entretien la présidence française.

La France veut « aider les Indiens à diversifier leurs approvisionnements », avait-elle jouté.

Les deux pays se sont dits également « déterminés à répondre de manière coordonnée et multilatérale au risque d’aggravation de la crise alimentaire dû au conflit en Ukraine », l’un des principaux producteurs mondiaux de blé.

Narendra Modi effectuait sa troisième visite en France depuis 2017, tandis qu’Emmanuel Macron s’est déplacé en Inde une fois en mars 2018.  

Sa tournée en Europe, qui l’a conduit à Berlin, Copenhague pour un sommet Inde-Pays nordiques puis Paris, visait surtout à renforcer les partenariats bilatéraux, notamment dans le commerce, l’énergie et le développement durable.

M. Modi a invité le président français à se rendre en Inde afin « d’approfondir » la coopération engagée, des technologies de défense à la transition énergétique.

Les deux dirigeants ont réaffirmé leur volonté d’intensifier le « partenariat stratégique franco-indien, en particulier dans l’espace Indopacifique ».

Ce partenariat est devenu encore plus important depuis que le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Australie ont conclu en 2021 le pacte de sécurité Aukus, qui a privé la France d’un mégacontrat de sous-marins avec Canberra.

Il porte sur la défense — avec de multiples exercices conjoints dans l’océan Indien — et la sécurité, le commerce, l’investissement, la connectivité, la santé et le développement durable.

New Delhi a notamment acquis 36 avions Rafale en 2016 et six sous-marins Scorpène, tandis que les deux pays coopèrent dans le nucléaire civil, EDF proposant de construire six EPR sur le site de Jaitapur.

Outre leur alliance dans l’énergie solaire, les deux pays souhaitent « renforcer leur coopération relative à l’hydrogène décarboné […] afin de bâtir un partenariat industriel robuste ».  

La France entend par ailleurs accueillir 20 000  étudiants indiens d’ici à 2025, « ce qui ouvrira de nouvelles perspectives pour la création d’entreprises, de start-up ainsi que pour l’innovation entre les deux pays ».