Des dizaines de tonnes de produits de première nécessité entreposées près de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau attendent d’être envoyées en Ukraine, mais ne peuvent pas décoller, par manque de fonds, déplore le pasteur d’une église ukrainienne.

« Il y a une quarantaine de tonnes, peut-être même plus que ça », indique le pasteur Yaroslav Pivtorak, de l’église catholique ukrainienne Saint-Michel, rue D’Iberville, à Montréal. Joint au téléphone dimanche soir, le pasteur a pu s’entretenir avec La Presse grâce à la traduction d’un bénévole, Sergiy Pavlenko.

Dans un entrepôt situé dans l’arrondissement de Saint-Laurent, dans l’ouest de Montréal, de nombreuses boîtes contiennent des produits de première nécessité, comme des médicaments, des couches et des produits d’hygiène corporelle, accumulés grâce aux dons du public à diverses églises ukrainiennes montréalaises.

« Quand tu écoutes les Ukrainiens de Montréal qui ont de la famille en zone de guerre, ce sont des médicaments, des pansements, des couches […] dont ils ont besoin », soutient Mario Solari, un Longueuillois qui a alerté La Presse à propos de la difficulté pour les églises ukrainiennes d’acheminer les produits amassés de l’autre côté de l’Atlantique. L’homme de 57 ans, policier retraité, a décidé de se mobiliser pour collecter des dons destinés à l’Ukraine, qu’il a récemment transportés à l’église du pasteur Pivtorak.

Des milliers de dollars

Le problème : un vol jusqu’en Europe coûte entre 70 000 $ et 100 000 $, selon le pasteur Pivtorak. Jusqu’à présent, les églises montréalaises ont été en mesure d’envoyer deux chargements de denrées en passant par Toronto, où est installé Meest Corporation, un service postal voué à la communauté ukrainienne. Il en coûte toutefois 5 $ par kilogramme pour envoyer des produits par avion de cette façon, selon le site internet de Meest Corporation. À ce prix, 200 000 $ seraient nécessaires pour envoyer les dons accumulés à Montréal, sans compter le transport vers Toronto.

Vendredi dernier, un autre chargement a eu lieu, cette fois de la Nouvelle-Écosse, où un généreux donateur a payé le vol vers la Pologne, mais en partance de Halifax. Les églises ukrainiennes ont donc dû faire transiter les boîtes de denrées sur plus de 1000 kilomètres, de Montréal à Halifax, a affirmé le pasteur Pivtorak.

À Montréal, on n’a pas les sources de financement pour payer le transport [des dons] vers la Pologne.

Yaroslav Pivtorak, pasteur de l’église catholique ukrainienne Saint-Michel

Qu’elle provienne d’un particulier ou du gouvernement, toute aide financière pour payer les frais de transport est donc la bienvenue, ajoute-t-il.

« Avec toutes les compagnies de cargo qu’il y a à Montréal, comme FedEx ou UPS, et tous les avions qui vont à Varsovie [en Pologne], je ne peux pas croire qu’il n’y a pas un riche Québécois qui ne serait pas prêt à payer ce voyage-là », lance de son côté Mario Solari.

Une grande quantité de dons

Les Québécois donnent généreusement à la cause ukrainienne depuis le début de l’invasion du pays par la Russie. Mario Solari a organisé une collecte de denrées aux Promenades Saint-Bruno, en Montérégie, le 13 mars dernier.

PHOTO FOURNIE PAR MARIO SOLARI

Le 13 mars dernier, Mario Solari a organisé une collecte de dons destinés aux Ukrainiens.

En une journée, affirme-t-il, lui et son équipe ont rempli quatre camions de boîtes pleines. « Il n’y avait plus de couches au Walmart d’à côté », précise-t-il avec humour.

Ces boîtes ont ensuite été déchargées à l’église catholique ukrainienne Saint-Michel, où M. Solari a prêté main-forte pendant trois jours. « Les denrées et les produits sont triés par plusieurs bénévoles sept jours par semaine, témoigne-t-il, et placés dans des boîtes pour être expédiés en Ukraine via la Pologne. »