(Genève) Une experte des droits de l’homme de l’ONU a annoncé mardi avoir reçu une « invitation préliminaire » de Washington à se rendre au camp de Guantánamo, ce qui serait une première après deux décennies de demandes.

Les experts indépendants des droits de l’homme de l’ONU cherchent à avoir accès à la prison militaire, dans le sud-est de Cuba, depuis son ouverture en 2002 aux détenus de la « guerre contre le terrorisme » menée par les États-Unis.

« Je suis heureuse d’annoncer que le gouvernement des États-Unis m’a adressé une invitation préliminaire pour organiser une visite technique à la station navale américaine de Guantánamo, à Cuba », a déclaré Fionnuala Ni Aolain, la rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection des droits de l’homme dans la lutte contre le terrorisme, au Conseil des droits de l’homme à Genève.

Mme Ni Aolain a mis en avant la situation des prisonniers restés derrière les barreaux, qui « engage des violations continues du droit international ».

La prison, qui a compté jusqu’à 800 détenus, détient aujourd’hui 38 hommes, dont certains sont arrivés dès les premiers mois suivant son ouverture.

« Beaucoup de ces hommes entament leur vingtième année de détention par les États-Unis », a-t-elle dénoncé.

Elle a rappelé que le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture avait « déterminé que les conditions actuelles au camp de Guantánamo constituent des circonstances qui relèvent de la torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants en vertu du droit international ».

« Ces hommes vivent avec le traumatisme profond de la torture psychologique et physique », a-t-elle ajouté.

« Le maintien de leur détention sur le site où ils ont subi des violations aussi profondes constitue une violation implacable de leurs droits fondamentaux ».

Ceux qui ont été transférés hors de Guantánamo « continuent de vivre dans les limbes de la légalité, sans recours, sans statut juridique ni réhabilitation dans les pays de réinstallation ou d’origine ».

Tout en déplorant la situation, Fionnuala Ni Aolain a salué l’invitation comme une « étape positive ».  

Elle a précisé qu’une invitation préliminaire signifiait que les paramètres de la visite étaient encore en cours de discussion.

« Il s’agit de s’assurer que les exigences d’indépendance et d’impartialité peuvent être garanties, et que les conditions seront réunies pour permettre une visite sans entrave », a-t-elle déclaré.

« Cela peut prendre un certain temps ».