(Washington) Les États-Unis ont jugé dimanche « hors sujet » de nouvelles exigences russes qui pourraient retarder un succès des négociations visant à sauver l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien.

Alors que les déclarations optimistes fusaient sur un accord imminent à Vienne, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a jeté un froid samedi en mentionnant « des problèmes du côté russe ».

Lors d’une conférence de presse, il a réclamé la « garantie écrite » de Washington que les sanctions adoptées contre son pays depuis l’invasion de l’Ukraine n’affecteraient pas sa coopération avec Téhéran.

« Les sanctions adoptées contre la Russie n’ont rien à voir avec l’accord sur le nucléaire iranien », a rétorqué dimanche le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, interrogé depuis la Moldavie par la chaîne CBS.

« Les deux choses sont totalement différentes », donc la requête russe est « hors sujet », a-t-il ajouté.

Pour lui, la Russie a « intérêt que l’Iran ne soit pas capable d’avoir une arme nucléaire ou n’ait pas la capacité de produire une arme très rapidement » et « cet intérêt reste valable quelle que soit notre relation avec la Russie depuis son invasion de l’Ukraine ».

Les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont adopté une série de mesures punitives contre la Russie depuis l’entrée de ses forces en Ukraine le 24 février : exclusion de banques russes du système financier, gels des avoirs de la Banque centrale russe, restriction des importations, sanctions contre le président Vladimir Poutine, ses proches et de nombreux oligarques…

Selon Sergueï Lavrov, la Russie veut être sûre que ces mesures n’affectent pas sa « coopération commerciale, économique, d’investissement et technico-militaire avec l’Iran », notamment si ce pays bénéficiait d’un assouplissement des sanctions le visant dans le cadre d’un nouvel accord international.

« Progrès réels »

Conclu par l’Iran d’un côté et les États-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l’Allemagne de l’autre, l’accord de 2015 est censé empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique même si ce pays a toujours nié une telle intention.

Il avait permis la levée de sanctions économiques internationales contre Téhéran, en échange de strictes limites à son programme nucléaire.

Mais les États-Unis s’en sont retirés en 2018 sous l’administration de Donald Trump et ont rétabli les mesures punitives qui asphyxient l’économie iranienne. En riposte, Téhéran s’est largement affranchi des restrictions à ses activités nucléaires.

Une fois à la Maison-Blanche, le démocrate Joe Biden a souhaité revenir dans l’accord, mais les négociations indirectes ont été difficiles.

Antony Blinken, se faisant l’écho des négociateurs, a estimé dimanche que des « progrès réels » avaient été réalisés ces dernières semaines et qu’un accord était « proche ».

Mais « il reste un ou deux sujets très difficiles » à régler, a-t-il ajouté, sans donner de précision.

En parallèle des efforts menés par les négociateurs à Vienne, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, s’est entretenu samedi à Téhéran avec des responsables iraniens. Même s’ils ont convenu d’un mécanisme pour régler des questions en suspens, M. Grossi, de retour à Vienne, est resté prudent pour la suite.