(Washington) L’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a critiqué dimanche le choix de la Chine de faire porter la flamme olympique, dans ses derniers mètres vendredi à Pékin, par une athlète née au Xinjiang.

Les États-Unis, et certains de ses alliés, ont choisi de boycotter diplomatiquement ces Jeux olympiques d’hiver en invoquant des violations des droits de l’Homme au Xinjiang, région du nord-ouest du pays où est née la skieuse de fond Dinigeer Yilamujiang, dernière porteuse de la flamme avec son compatriote Zhao Jiawen lors de la cérémonie d’ouverture.

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« Il s’agit d’une volonté des Chinois de nous détourner du vrai problème, à savoir que les Ouïghours sont torturés, les Ouïghours sont victimes de violations des droits de l’homme par les Chinois, et nous devons garder cela au premier plan », a estimé l’ambassadrice américaine dimanche sur CNN.

Dinigeer Yilamujiang, 20 ans, est originaire d’Altay dans le nord du Xinjiang, une région montagneuse où la Chine revendique l’invention du ski. Comme une réponse aux critiques sur les droits humains au Xinjiang, les médias chinois font ces dernières semaines l’éloge de cette destination de sports d’hiver.  

« Nous savons qu’un génocide a été commis là-bas », a lancé dimanche Linda Thomas-Greenfield, « nous l’avons dénoncé, le président (Joe Biden) l’a dénoncé. »

« Nous avons clairement dit que la Chine mène ces crimes contre l’humanité en toute connaissance de cause », a poursuivi la diplomate.

Interrogée sur la sécurité des athlètes américains sur place qui s’exprimeraient sur les droits de l’homme, elle a dit « espérer que les Chinois ne mèneront aucune action » les visant. « Notre but est d’être certains que nos athlètes sont en sécurité, et nous faisons tout ce que nous pouvons pour cela, » a-t-elle ajouté

Selon des organisations de défense des droits humains, au moins un million de Ouïghours et d’autres minorités turcophones, principalement musulmanes, sont ou ont été incarcérés dans des camps dans cette région du nord-ouest de la Chine, placée sous étroite surveillance par les autorités.

Pékin conteste, affirmant qu’il s’agit de centres de formation professionnelle destinés à les éloigner du terrorisme et du séparatisme, après de nombreux attentats meurtriers attribués à des islamistes ou séparatistes ouïghours.

Samedi, au terme d’une rencontre avec le président chinois Xi Jinping, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a appelé la Chine à autoriser la Haute-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU Michelle Bachelet à visiter le Xinjiang, ce qui a pour l’instant été refusé par Pékin.