(Séoul) Les États-Unis ont vertement dénoncé le tir d’essai lundi de deux nouveaux missiles par la Corée du Nord, qu’ils ont appelée à cesser « ses activités illégales et déstabilisatrices ».

Ces tests nord-coréens – effectués à quatre reprises depuis le début de l’année – se sont accélérés pour renforcer les capacités militaires du régime de Kim Jong-un, qui est soumis à de lourdes sanctions internationales et dont les discussions avec Washington au sujet de son programme balistique et nucléaire restent au point mort.

L’émissaire américain sur le dossier nord-coréen Sung Kim a, à cet égard, une nouvelle fois demandé lundi, avec ses homologues japonais et sud-coréen, à la Corée du Nord de répondre favorablement à l’offre de « dialogue », « sans conditions préalables », formulée par son pays, selon un communiqué du département d’État.

Ce responsable a en outre réitéré l’« engagement inébranlable » des États-Unis « dans la défense de leurs alliés ».

Les deux « missiles balistiques de courte portée » ont été tirés d’un aéroport près de la capitale, Pyongyang, lundi peu avant 9 h (heure locale) et ont parcouru 380 km à une altitude de 42 km, ont expliqué les chefs d’état-major interarmes de Corée du Sud.

« Remarquable développement »

Ces nouveaux essais surviennent à un moment délicat pour la région, où une élection présidentielle est prévue en mars en Corée du Sud, tandis que la Chine, seul allié majeur de la Corée du Nord, se prépare à accueillir les Jeux olympiques d’hiver le mois prochain.

Pékin a confirmé à ce sujet lundi des informations de presse sur la réouverture au transport de marchandises, après deux ans d’interruption, de la frontière sino-nord-coréenne, par laquelle transitait avant la pandémie la quasi-totalité du commerce extérieur de la Corée du Nord, isolée sur le plan diplomatique.

PHOTO CHINATOPIX, VIA ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Cette photo, prise le 24 mai 2018, montre des camions traversant le pont de l’Amitié, qui relie la ville frontalière chinoise Dandong à la ville nord-coréenne Sinuiju. La Chine a rétabli le trafic de fret ferroviaire avec la Corée du Nord il y a deux ans, a annoncé le ministère des Affaires étrangères lundi.

Le moment choisi pour cette annonce fait dire à Leif-Eric Easley, professeur à l’Université Ewha, à Séoul, que la Chine non seulement « soutient la Corée du Nord économiquement », mais aussi « se coordonne avec elle du point de vue militaire ».

La fréquence et la variété des tests de missiles montrent que la Corée du Nord « essaie d’améliorer sa technologie et ses capacités opérationnelles pour mener des actions secrètes, afin que les autres pays aient du mal à détecter les signes des préparatifs en vue d’un tir », a commenté le ministre de la Défense du Japon, Nobuo Kishi, en point de presse.

« Le remarquable développement par la Corée du Nord de ses technologies en matière de missiles ne peut être ignoré, pour la sécurité du Japon et de la région », a-t-il souligné.

La Corée du Nord a notamment affirmé avoir testé avec succès les 5 et 11 janvier – sous la supervision de Kim Jong-un en personne à cette dernière date – des missiles hypersoniques à vol plané, armes particulièrement sophistiquées.

Grave crise économique

Les missiles hypersoniques, qui peuvent atteindre cinq fois la vitesse du son, voire plus, sont plus rapides et plus maniables que les missiles normaux, ce qui les rend plus difficiles à intercepter.

Washington a riposté la semaine dernière par de nouvelles sanctions, que Pyongyang a qualifiées de « provocation ».

Si « les États-Unis adoptent une telle attitude de confrontation, la RPDC [République populaire et démocratique de Corée, nom officiel de la Corée du Nord] sera forcée à une réaction certaine et plus forte », a prévenu vendredi un porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Corée du Nord.

Dans son plan de défense quinquennal, dévoilé en janvier 2021, la Corée du Nord avait cité les missiles hypersoniques en tant que priorité numéro un.

Ce pays traverse une forte crise économique, aggravée par les sanctions et par la fermeture des frontières qu’il s’est imposée début 2020 au nom de la lutte contre la COVID-19, et a donc « besoin de présenter quelque chose aux Nord-Coréens », estime Cheong Seong-chang, du Centre d’études nord-coréennes de l’Institut Sejong.

Le régime de Pyongyang cherche à impressionner la population avec des prouesses militaires vu qu’« il est devenu clair que le Nord aura du mal à briller sur le terrain économique », avance-t-il.