(Chíos) Un tribunal grec a condamné samedi à 10 ans de prison quatre jeunes demandeurs d’asile afghans pour les incendies qui avaient ravagé le tentaculaire camp de Moria, sur l’île de Lesbos, en septembre 2020, alors le plus grand camp de réfugiés d’Europe.

Le tribunal de Chios les a reconnus coupables d’incendie volontaire, ont indiqué les avocats de la défense, qui ont indiqué faire immédiatement appel de la sentence.

Le camp de Moria, mis en place en 2013 au pic de la crise migratoire, abritait plus de 10 000 personnes avant d’être entièrement détruit par les flammes, dans deux feux consécutifs, les 8 et 9 septembre 2020, qui n’avaient pas fait de victime.

Lors d’un procès distinct, deux autres jeunes Afghans, mineurs au moment des faits, avaient été condamnés à cinq ans de prison, en mars dernier, par un tribunal de Lesbos, qui les avait reconnus coupables de figurer parmi les incendiaires.

PHOTO ALKIS KONSTANTINIDIS, ARCHIVES REUTERS

Le camp de Moria après l’incendie.

Aucun média n’a été autorisé à pénétrer dans la salle d’audience vendredi et samedi en raison des précautions prises contre le coronavirus.

Les avocats des Afghans ont déclaré qu’ils n’avaient pas bénéficié d’un procès équitable. Ils affirment que trois d’entre eux possédaient des documents prouvant qu’ils avaient moins de 18 ans au moment de leur arrestation, mais qu’ils n’ont pas été reconnus comme mineurs par l’État grec.

Le procès reposait en grande partie sur le témoignage d’un autre demandeur d’asile afghan qui a identifié les six personnes comme étant les auteurs de l’agression.

Ce témoin clé n’était pas présent à l’audience vendredi, et était également absent du procès des deux mineurs afghans à Lesbos en mars, car il n’avait pas pu être localisé, selon la défense.

Les accusés affirmaient avoir été pris pour cible par ce témoin, un Pachtoune pratiquant l’islam sunnite, parce qu’ils sont des Hazaras, une minorité chiite souvent persécutée en Afghanistan.  

Les autres témoins de l’accusation étaient des policiers, des pompiers appelés sur les lieux de l’incendie et des membres du Service européen d’asile et d’ONG qui travaillaient dans le camp.

Les violences entre groupes rivaux étaient fréquentes dans le camp de Moria, le plus grand d’Europe, dont la capacité d’accueil avait triplé au fil des ans. En mars 2020, 20 000 personnes s’y entassaient.

Au moment de l’incendie, la situation était explosive dans le camp surpeuplé, où les migrants vivaient dans des conditions d’hygiène déplorables, frappés depuis des mois par un confinement strict en raison de la pandémie de coronavirus.