(Pékin) Le président chinois Xi Jinping a déclaré mercredi à la chancelière Angela Merkel, lors d’un appel téléphonique, qu’il espérait de la part de l’Europe « des efforts positifs envers la Chine », après la controverse sur le traitement des Ouïghours, ont rapporté des médias officiels chinois.

Cet appel était le premier contact du chef de l’État chinois avec un dirigeant européen depuis l’adoption de sanctions réciproques le mois dernier dans le dossier des allégations de violations des droits humains dans la région du Xinjiang, qui ont considérablement détérioré les relations entre la Chine et l’UE.

« Les relations entre la Chine et l’UE sont confrontées à un nouveau stade de développement, ainsi qu’à divers défis », a déclaré M. Xi à l’agence de presse officielle Chine nouvelle, qui a ajouté qu’il demandait à l’UE de porter un « jugement correct, de manière indépendante ».

La Chine s’inquiète des efforts déployés par les États-Unis pour consolider leurs alliances à travers le monde — y compris avec l’Europe — alors que le président Joe Biden cherche à contrer l’influence croissante de Pékin et à défendre un ordre libéral démocratique qui s’est affaibli pendant l’administration Trump.

« Il est crucial de bien saisir l’orientation générale du développement des relations sino-européennes […] d’un point de vue stratégique, de se respecter mutuellement et d’éliminer les interférences », a dit M. Xi à la chancelière Merkel.

Le président chinois a ajouté que son pays souhaitait « mettre en pratique le multilatéralisme » avec l’UE et coopérer avec l’Europe sur des questions telles que le changement climatique.

La Chine et l’UE ont bouclé en décembre les négociations en vue d’un important accord commercial, qui n’a pas encore été ratifié par le Parlement européen.

Toutefois, cet accord pourrait être remis en cause après l’imposition par l’UE de sanctions envers la Chine, accusée de violations des droits humains dans la région du Xinjiang.  

La Chine a répliqué en imposant des sanctions à divers parlementaires européens, des universitaires et au cercle de réflexion allemand MERICS.

L’UE, les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne ont ensuite imposé des sanctions coordonnées à des hauts fonctionnaires chinois soupçonnés d’être impliqués dans la répression au Xinjiang, ce qui a entraîné l’adoption par Pékin d’autres sanctions.  

Peu après, le géant suédois de la mode H & M a été visé par un boycottage des consommateurs chinois, après s’être engagé l’an dernier à ne plus utiliser le coton du Xinjiang, soupçonné d’être en partie récolté par des Ouïghours soumis au travail forcé.