(Maputo) Un nombre « important » de combattants islamistes ont été tués par les forces mozambicaines au cours des combats visant à reprendre la ville de Palma (Nord-Est), tombée fin mars aux mains de groupes djihadistes, a déclaré dimanche le chef des opérations militaires sur place.

« Ce n’est pas encore terminé […] mais un nombre important de terroristes ont été abattus », a déclaré devant des journalistes le commandant des opérations à Palma, Chongo Vidigal.

« La zone de l’aérodrome était la seule que nous devions nettoyer et nous l’avons fait ce matin ». Il a assuré à la télévision publique TVM que la zone de Palma était désormais « sûre », sans toutefois dire qu’elle était repassée sous le contrôle total de l’armée mozambicaine, contrairement au gouverneur de la province de Cabo Delgado, Valygi Tualibo.

« Palma est à 100 % sous le contrôle des autorités mozambicaines », a en effet assuré à la presse M. Tualibo après avoir visité la localité, accompagné de journalistes.

Une affirmation mise en doute par Lionel Dyck, fondateur et patron de Dyck Advisory Group (DAG), société militaire privée ayant renforcé les troupes mozambicaines, qui a dit lundi à l’AFP estimer « improbable » que l’armée mozambicaine ait repris Palma.

Il a également confirmé à l’AFP que le contrat de DAG avec les autorités mozambicaines prenait fin mardi 6 avril.

Le 24 mars, des groupes armés ayant prêté allégeance au groupe État islamique (EI) ont attaqué cette ville portuaire stratégique, à seulement quelques kilomètres d’un mégaprojet gazier de plusieurs milliards d’euros, piloté par le groupe français Total.

Dans la ville ravagée de 75 000 habitants, dont les premières images depuis l’attaque ont été diffusées à la télévision locale, Chongo Vidigal a ajouté pouvoir sentir « l’odeur des cadavres des terroristes ».

Les images ont montré quelques corps gisant encore dans les rues, des maisons en ruines et des véhicules en cendres. Quelques habitants aussi, récupérant de la nourriture au milieu de nombreux militaires lourdement armés.

TVM a montré des images de restes incendiés de bâtiments, parmi lesquels des banques, l’hôpital de la ville et le bureau du procureur.

L’attaque, revendiquée par l’EI a tué officiellement des dizaines de civils, policiers et militaires, mais le nombre réel de victimes n’est pas encore connu.  

« Il y a peut-être des poches qui sont sûres mais elles ne sont certainement pas sous contrôle », a jugé pour sa part à l’AFP Willem Els, de l’Institute for Security Studies (ISS, basé en Afrique du Sud), interrogé par l’AFP.

« Les insurgés rôdent toujours », a-t-il averti, citant des sources sur le terrain : « la seule enclave qui est vraiment sécurisée pour le moment est la zone autour d’Afungi ».

Le groupe français Total a évacué le personnel de son site gazier situé sur la péninsule d’Afungi et le projet de plusieurs milliards d’euros est à l’arrêt complet.

M. Vidigal a assuré que les installations de Total « étaient en sécurité, elles sont protégées ».

Depuis plusieurs jours, les militaires mènent une opération pour reprendre Palma, tombée aux mains des rebelles dans la nuit du 26 au 27 mars après une attaque considérée comme la plus grande escalade depuis le début des violences il y a plus de trois ans.

Des milliers de soldats ont été déployés mais depuis les premières attaques en 2017, les forces gouvernementales se sont montrées incapables de combattre efficacement les rebelles qui terrorisent la province pauvre du Cabo Delgado, frontalière de la Tanzanie.  

Désignés localement sous le nom d’Al-Shabab (« les jeunes », en arabe), ils ont prêté allégeance au groupe EI.  

Environ 11 000 personnes ont été déplacées par la dernière attaque, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  Plus de 670 000 personnes avaient déjà été forcées à quitter leur foyer à cause des violences dans la région, selon l’ONU.

L’ONG Acled recensait déjà 2600 morts avant l’attaque de Palma, dont la moitié de civils.