(Genève) L’Agence européenne des médicaments (EMA) s’est dite mardi « fermement convaincue » des avantages du vaccin AstraZeneca contre la COVID-19, dont l’utilisation est suspendue par plusieurs pays inquiets de possibles effets secondaires.

Cette suspension a notamment été décidée par la France, dont la région la plus peuplée, celle de Paris, connaît un haut degré de contaminations et pourrait être confinée le week-end, comme le sont déjà d’autres régions, une hypothèse évoquée par le premier ministre Jean Castex mardi soir et sur laquelle le président Emmanuel Macron doit trancher mercredi.

Pour aider à ramener la confiance dans un vaccin AstraZeneca qui, selon un sondage Elabe, n’est jugé fiable que par 22 % des Français, M. Castex s’est dit prêt à se le faire injecter « très rapidement » dès qu’il y sera réautorisé.

Des experts de l’Organisation mondiale de la Santé se sont penchés sur ce vaccin mardi et leur communication est très attendue.

Mais dès lundi, l’OMS avait souligné qu’il n’y avait pas de « rapport » avéré à ce stade entre le vaccin et de graves problèmes sanguins observés chez des personnes vaccinées, et a recommandé de continuer à administrer le vaccin AstraZeneca, tout comme l’EMA.

« Nous sommes toujours fermement convaincus que les avantages du vaccin AstraZeneca dans la prévention de la COVID-19, avec son risque associé d’hospitalisation et de décès, l’emportent sur le risque de ces effets secondaires », a affirmé mardi la directrice exécutive de l’EMA, Emer Cooke.

Elle a précisé que l’agence « examinait » les effets « indésirables associés à tous les vaccins », même si l’attention est pour le moment concentrée sur celui d’AstraZeneca.

Ces déclarations sont « encourageantes » et donnent « bon espoir » de voir reprendre la vaccination avec AstraZeneca, ont réagi Emmanuel Macron et le premier ministre italien Mario Draghi.

Sept États européens (Allemagne, France, Italie, Slovénie, Espagne, Portugal et Lettonie) ont allongé lundi la liste des pays ayant suspendu l’administration du vaccin du laboratoire suédo-britannique suite à des problèmes, tels que des difficultés à coaguler ou la formation de caillots (thrombose), dans l’attente d’un avis de l’EMA. La Suède, le Luxembourg et Chypre ont fait de même mardi.

La COVID-19 a fait plus de 2,66 millions de morts dans le monde, dont plus de 900 000 en Europe, continent le plus touché, selon un comptage réalisé par l’AFP mardi, et où l’Italie a reconfiné lundi les trois quarts de son territoire.

 Essai Moderna sur les enfants

Une quinzaine de pays au total ont suspendu par précaution l’utilisation du vaccin.  

Mais la Géorgie ou la Sierra Leone ont lancé lundi leur campagne avec ce vaccin, balayant les craintes d’effets secondaires. Et en Thaïlande, le premier ministre Prayut Chan-O-Cha a reçu mardi la première dose d’AstraZeneca.

Astrazeneca affirme qu’il n’y a « aucune preuve de risque aggravé » de caillot sanguin entraîné par son vaccin. Et le premier ministre britannique Boris Johnson a assuré mardi que ce vaccin, largement administré au Royaume-Uni, était « sûr » et « extrêmement » efficace.

Pour AstraZeneca, ces déconvenues s’ajoutent à une nouvelle baisse de ses livraisons à l’Union européenne d’ici juin, que le laboratoire a été contraint d’annoncer en invoquant des problèmes d’exportations.

L’UE attend par ailleurs « plus de 200 millions de doses » du vaccin Pfizer/BioNTech au deuxième trimestre, après un accord prévoyant une « accélération » des livraisons, a indiqué mardi la Commission.

AstraZeneca a de son côté annoncé un accord avec les États-Unis pour fournir au pays cette année jusqu’à 700 000 doses d’un traitement par anticorps en cours de développement contre la COVID-19.  

Et le laboratoire américain Moderna a indiqué avoir commencé des essais de son vaccin sur des milliers d’enfants âgés de 6 mois à 11 ans, un essai clinique qui concerne un total prévu de 6750 enfants aux États-Unis et au Canada.

Mercredi, des experts conseillant l’OMS doivent présenter des recommandations sur le vaccin de Johnson & Johnson, qui avait déjà été homologué vendredi dernier.

Pic au Brésil

Le président brésilien Jair Bolsonaro, longtemps sceptique par rapport à ce qu’il appelait une « grippette », a récemment décidé de changer de cap et fait commander 138 millions de doses de vaccins pour accélérer une campagne d’immunisation qui a tardé à décoller.

L’épidémie ne cesse de s’aggraver : le deuxième pays le plus endeuillé du monde (282 127 décès), où officie désormais un quatrième ministre de la Santé en un an, a enregistré mardi un nouveau record de décès quotidiens (2814).

Ces chiffres confirment une hausse accélérée des décès depuis début février, avec 1965 morts en moyenne au cours des sept derniers jours. En début d’année, la moyenne sur sept jours était de 703 morts. Et la situation est critique dans de nombreux hôpitaux, le taux d’occupation des lits en réanimation atteignant plus de 80 % dans plus de la moitié des 27 États brésiliens.

Modèle de Jair Bolsonaro, Donald Trump a encouragé mardi ses sympathisants à se faire vacciner contre la COVID-19, en dépit de leurs réticences. « Je le recommande, et je le recommande à ceux qui n’en veulent pas, et nombre de ceux-là ont voté pour moi », a déclaré l’ex-président américain sur Fox News. Donald et Melania Trump se sont fait vacciner en janvier, quelques semaines avant leur départ de la Maison-Blanche. Mais l’information n’a été révélée par leurs proches que plusieurs semaines plus tard.

La Chine est, elle, sur le point d’alléger les restrictions d’entrée sur son territoire concernant les ressortissants de certains pays, dont les États-Unis, mais à condition qu’ils aient reçu un vaccin chinois.