(Washington) Des chercheurs ont appelé jeudi à une mobilisation mondiale pour développer un vaccin universel contre les coronavirus, qui resterait efficace à la fois contre de futurs variants mais aussi contre les prochains virus de la même famille susceptibles de déclencher de nouvelles pandémies.

« Créer les outils pour empêcher la prochaine pandémie de coronavirus est à notre portée et devrait être considéré comme une priorité de santé mondiale », ont écrit les épidémiologistes Wayne Koff et Seth Berkley dans un éditorial publié par la revue Science. Tous deux sont à la tête d’organisations promouvant les vaccins.  

« Des milliers de virus »

Les coronavirus sont une grande famille de virus, et celui causant la maladie COVID-19 s’appelle SARS-CoV-2. Des variants sont progressivement apparus, dont les experts craignent que l’un d’eux puisse un jour être totalement résistant aux vaccins actuellement développés spécifiquement contre le virus souche découvert en 2019. Le variant sud-africain a déjà montré qu’il pouvait en réduire l’efficacité.

Avant cela, en 2002, un coronavirus avait déclenché une épidémie rapidement endiguée, à l’origine d’une maladie dénommée SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère). Puis en 2012, un autre coronavirus, MERS-CoV (pour coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient), apparaît en Arabie saoudite.

Il existe « des milliers » de ces virus « capables d’infecter un grand nombre d’animaux », depuis lesquels ils pourraient être transmis aux humains, expliquent les deux experts.  

Il y a une possibilité croissante pour que d’autres coronavirus sautent d’une espèce à une autre.

Les épidémiologistes Wayne Koff et Seth Berkley

En cause notamment : l’appropriation de nouveaux territoires par la population humaine croissante, qui peut provoquer des contacts avec certains animaux « auparavant isolés », et le développement des voyages internationaux, qui rendent possible une diffusion rapide d’une maladie à l’échelle mondiale.

Et si des vaccins contre le SARS-CoV-2 ont été développés très rapidement, il n’est pas dit que le même exploit soit possible pour les prochains, arguent-ils.

Or les progrès réalisés récemment pourraient permettre d’anticiper, car ils ont « le potentiel de grandement accélérer l’identification d’antigènes cibles partagés par les coronavirus », c’est-à-dire de traits communs pouvant être utilisés pour développer une défense les visant.

Pousser la recherche en ce sens « doit être un effort mondial », plaident-ils.

Un effort qui se révèlerait rentable : le coût de la pandémie actuelle (entre 8000 et 16 000 milliards de dollars selon eux), est « environ 500 fois » plus élevé que les sommes qui devraient être engagées pour développer ce vaccin.  

La semaine dernière, deux autres chercheurs avaient également plaidé pour le développement d’un tel vaccin dans une autre prestigieuse revue scientifique, Nature.