(Paris) « Honteuses », « choquantes », « préoccupantes » : les violences mercredi soir à Washington, avec l’irruption de manifestants pro-Trump au Capitole, ont été condamnées par de nombreux dirigeants mondiaux, qui ont dénoncé une « attaque contre la démocratie » et appelé au respect du résultat de l’élection présidentielle.

Russie, Chine et Iran ont cependant pointé du doigt la fragilité de la démocratie américaine, y voyant une forme de déclin ou ironisant sur les évènements.

Voici les principales réactions :

Royaume-Uni

Le premier ministre britannique Boris Johnson a dénoncé des « scènes honteuses », et appelé à une transition « pacifique et ordonnée » du pouvoir vers le démocrate Joe Biden.  

« Rien ne peut justifier ces tentatives violentes pour faire échouer la transition légale et conforme du pouvoir », a jugé de son côté le ministre des Affaires étrangères, Dominic Raab.

UE

« Je crois dans la force des institutions et de la démocratie américaine. Une transition pacifique en est le cœur », a tweeté la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. « Joe Biden a gagné l’élection. Je me réjouis de travailler avec lui en tant que prochain président des États-Unis ».

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a dénoncé un « assaut inédit contre la démocratie américaine » et appelé au respect du résultat de l’élection présidentielle.  

« Assister aux scènes de ce soir à Washington est un choc. Nous comptons sur les États-Unis pour permettre un transfert de pouvoir pacifique à Joe Biden », a déclaré pour sa part le président du Conseil européen Charles Michel.

ONU

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a été « attristé » par l’intrusion au capitole, selon son porte-parole Stephane Dujarric. « Dans de telles circonstances, il est important que les responsables politiques fassent comprendre à leurs partisans la nécessité d’éviter la violence et de respecter les processus démocratiques et l’état de droit », a souligné le porte-parole dans un communiqué.

Chine

Tout en disant espérer un « retour à l’ordre » aux États-Unis, la Chine a ironisé sur les évènements en dressant un parallèle entre la situation à Washington et les manifestations prodémocratie à Hong Kong.

Cette fois, « la réaction de certaines personnes aux États-Unis, y compris de certains médias, est complètement différente », a relevé, sans les nommer, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.

« À l’époque, quand elles décrivaient les manifestants violents à Hong Kong, quels mots utilisaient-elles ? […] “un beau spectacle” », a fustigé cette porte-parole.

Russie

« La partie perdante a des raisons plus que suffisantes d’accuser les gagnants de falsifications, il est évident que la démocratie américaine boîte des deux pieds », a affirmé le président de la commission des Affaires étrangères du sénat russe.

« La fête de la démocratie est terminée. Elle a, malheureusement, touché le fond, et je dis cela sans une once de jubilation. L’Amérique a perdu le nord et n’a donc plus aucun droit de donner le cap. Et encore moins de l’imposer aux autres », a ajouté Konstantin Kosatchev sur Facebook.

Iran

La démocratie occidentale est « fragile et vulnérable », a jugé le président iranien Hassan Rohani, mettant en garde contre la montée du « populisme » après les troubles au Capitole.  

« Ce que nous avons observé aux États-Unis hier soir et aujourd’hui a montré, tout d’abord, à quel point la démocratie occidentale est vulnérable et fragile », a-t-il déclaré lors d’une allocution télévisée.

France

« Nous ne cèderons rien à la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause » la démocratie, a réagi le président français Emmanuel Macron dans une vidéo.

« Quand, dans une des plus vieilles démocraties du monde, des partisans d’un président sortant remettent en cause, par les armes, les résultats légitimes d’une élection, c’est une idée universelle – celle d’un homme, une voix – qui est battue en brèche », a-t-il ajouté.

Allemagne

La chancelière allemande Angela Merkel s’est dite « triste » et « en colère ». « Je regrette profondément que le président Trump n’ait pas concédé sa défaite, depuis novembre et encore hier » mercredi, a-t-elle déploré, relevant que « les doutes sur le résultat de l’élection ont été alimentés et ont créé l’atmosphère qui a rendu possibles les évènements » de Washington.

Avec la certification de la victoire de Joe Biden, « les forces démocratiques ont prévalu », a fait valoir la chancelière, pour qui l’entrée en fonction du président élu et de Kamala Harris « ouvrira un nouveau chapitre dans moins de deux semaines ».

Israël

« Le saccage du Capitole hier était un acte scandaleux et doit être vigoureusement condamné »,  a estimé le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, avant une rencontre à Jérusalem avec le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin.

« Je n’ai aucun doute sur le fait que la démocratie américaine triomphera, elle l’a toujours fait », a-t-il ajouté.

Canada

« Les Canadiens sont profondément inquiets et tristes des attaques contre la démocratie aux États-Unis, notre plus proche allié et voisin », a déclaré le premier ministre canadien Justin Trudeau sur Twitter. « La violence ne réussira jamais à renverser la volonté du peuple », a-t-il ajouté.  

Australie

Le premier ministre australien a déploré des « scènes très pénibles au Congrès américain ». « Nous condamnons ces actes de violence et attendons avec intérêt un transfert pacifique du gouvernement à l’administration nouvellement élue dans la grande tradition démocratique américaine », a écrit Scott Morrison sur Twitter.

OTAN

Le chef de l’OTAN Jens Stoltenberg a dénoncé des « scènes choquantes », et appelé au respect du résultat de la présidentielle remportée par Joe Biden.

Italie

« La violence est incompatible avec l’exercice des droits démocratiques et des libertés. J’ai confiance en la force et la robustesse des institutions des États-Unis », a tweeté le premier ministre italien Giuseppe Conte.

« C’est une véritable honte pour la démocratie et une attaque contre les libertés du peuple américain », a estimé pour sa part le ministre des Affaires étrangères, Luigi di Maio.

Espagne

Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a dit « suivre avec préoccupation les informations en provenance du Capitole à Washington » . « J’ai confiance en la force de la démocratie américaine. La nouvelle présidence de @joebiden surmontera ce moment de crispation, en unissant le peuple américain », a-t-il estimé sur Twitter.

Irlande

Le premier ministre irlandais Micheal Martin a rappelé « le lien profond » de son pays avec les États-Unis, disant observer les évènements à Washington avec « beaucoup d’inquiétude et de consternation » .  

 « Scènes choquantes et profondément tristes à Washington DC, que l’on doit nommer pour ce qu’elles sont : une agression délibérée de la démocratie par un président sortant et ses supporters », a condamné le ministre des Affaires étrangères irlandais Simon Coveney.  

Turquie

Dans un communiqué, le ministère turc des Affaires étrangères a appelé « toutes les parties aux États-Unis à la mesure et à la prudence » . « Nous pensons que les États-Unis sortiront de cette crise politique interne d’une manière mature », a-t-il ajouté.  

Pays-Bas

Le premier ministre néerlandais Mark Rutte a qualifié d’ « horribles » les images de Washington, et appelé Donald Trump à « reconnaître Joe Biden comme le futur président aujourd’hui ».

Norvège

 « Ce que l’on voit en ce moment à Washington est une attaque totalement inacceptable contre la démocratie aux États-Unis. Le président Trump a la responsabilité d’arrêter cela. Images effrayantes, incroyable que ce soit les États-Unis », a réagi la première ministre norvégienne Erna Solberg.

Pologne

Le président polonais Andrzej Duda a estimé sur Twitter que les violences survenues au Capitole constituaient « un problème interne pour les États-Unis » .

« La Pologne croit dans la puissance de la démocratie américaine », a ajouté cet allié proche de Donald Trump, qui avait attendu plus d’un mois avant de féliciter Joe Biden pour son élection.

Hongrie

« Les images choquantes du Capitole devraient être gardées à l’esprit avant, pendant et après les élections partout dans le monde », a tweeté la ministre hongroise des Familles, Katalin Novak.

Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, était l’un des rares dirigeants de l’UE à soutenir Donald Trump avant les élections, avant de féliciter Joe Biden.