(Londres) Un deuxième vaccin, celui du laboratoire américain Moderna, a été autorisé mercredi par le régulateur européen qui donne ainsi une impulsion aux campagnes de vaccinations contre la COVID-19 dans l’UE, jugées trop lentes au moment où la pandémie connaît un nouvel essor, notamment en Angleterre à nouveau confinée.

Le nombre de morts recensés autour du globe semble avoir atteint un plateau-le plus haut depuis l’apparition du virus – depuis plus d’un mois et un nouveau triste record de décès (15 700) en 24 heures a été atteint, selon un comptage réalisé mercredi à 6 h.

Après le vaccin de l’américain Pfizer et de l’allemand BioNTech, autorisé le 21 décembre, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a donné son feu vert à celui de Moderna, qui « fournit un autre outil pour surmonter l’urgence actuelle », a souligné la directrice générale de l’EMA, Emer Cooke.

La vaccination a commencé le 27 décembre dans l’UE, mais à un rythme lent, suscitant de plus en plus de critiques devant le retard pris par rapport à certains pays comme les États-Unis, où le vaccin de Moderna est déjà utilisé, Israël ou encore le Royaume-Uni, qui mène également sa campagne avec celui du géant pharmaceutique britannique AstraZeneca.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a salué de « bonnes nouvelles pour nos efforts d’offrir aux Européens davantage de vaccins contre la maladie COVID-19 ».

Les Pays-Bas sont devenus mercredi le dernier pays de l’Union à lancer leur campagne. La première dose de vaccin Pfizer/BioNTech a été administrée à Sanna Elkadiri, une soignante de 39 ans dans une maison de retraite dans la ville de Veghel (sud), un « moment incroyable » selon le ministre de la Santé Hugo de Jonge.

Le gouvernement a été sous le feu des critiques lors d’un débat au parlement mardi, les députés s’indignant que les vaccins aient été entreposés depuis deux semaines dans les congélateurs.

« Sprint » et confinement en Angleterre

L’Angleterre est, elle, engagée dans un « sprint » pour « vacciner les personnes vulnérables plus rapidement que le virus ne peut les atteindre », a déclaré mercredi le premier ministre britannique Boris Johnson.

Plus de 1,3 million de personnes vulnérables et de soignants ont déjà été vaccinés au Royaume-Uni, et l’objectif ambitieux est d’immuniser tous les plus de 70 ans et soignants, soit près de 14 millions de personnes, d’ici à la mi-février. Pour ce faire, plus de 1000 centres de vaccination vont été déployés dans les prochains jours.

Vacciner massivement pour pouvoir déconfiner progressivement l’Angleterre, qui est revenue mercredi à un long et dur troisième confinement. « Nous n’avons pas d’autre choix », a assuré M. Johnson, alors que plus de 1,12 million de personnes étaient infectées par le virus en Angleterre la semaine dernière, soit un habitant sur cinquante et plus de 60 000 cas ont été recensés mardi au Royaume-Uni.

« Je ne sais pas si les gens vont pouvoir faire ce dernier effort », s’inquiète Alex, retraité de 65 ans interrogé par l’AFP, critique envers la gestion de la crise.

Cette flambée des contaminations est attribuée à un variant plus contagieux du nouveau coronavirus, et laisse augurer pour les prochaines semaines de nombreuses admissions dans des hôpitaux déjà au bord de la rupture et une aggravation du bilan, déjà l’un des plus lourds d’Europe (plus de 76 000 morts).

L’épidémie s’aggrave également aux États-Unis, qui ont déploré mardi soir un nouveau record de décès sur 24 heures avec plus de 3930 morts, selon les chiffres de l’université Johns Hopkins qui font référence, outre 250 000 nouvelles contaminations.

Au point d’en arriver à des rationnements d’oxygène et de lits dans les services d’urgence de Los Angeles, où les ambulanciers sont invités à ne plus transporter vers les hôpitaux certains patients en arrêt cardiaque aux chances de survie quasi nulles.

La flambée des infections a conduit d’autres pays à prolonger les restrictions, comme l’Allemagne et le Danemark qui va également fermer sa frontière aux résidents sud-africains en raison de la circulation dans ce pays d’une nouvelle variante du coronavirus.

En attendant le feu vert de Pékin

La pandémie a fait plus de 1,869 million de morts depuis son apparition. Sur la semaine écoulée, six pays ont à eux seuls recensé plus de la moitié des morts dans le monde. Il s’agit des États-Unis (19 149 morts, soit 2736 par jour en moyenne), du Brésil (5051, 722), du Mexique (4977, 711), du Royaume-Uni (4738, 677) de l’Allemagne (4540, 649) et de la Russie (3679, 526), même si ces derniers chiffres sont soumis à caution, le gouvernement ayant admis récemment un bilan bien supérieur à celui transmis quotidiennement.

Un peu plus d’un an après la découverte des premiers cas dans la région chinoise de Wuhan, d’éminents scientifiques choisis par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) doivent se rendre en Chine pour tenter de remonter aux origines du virus, mais la mission, pourtant en route, n’a pas encore obtenu les autorisations nécessaires de Pékin.

La Chine a indiqué mercredi que les négociations se poursuivaient avec l’OMS au sujet de « la date précise et les modalités de la visite du groupe d’experts », une question ultra-sensible pour le régime chinois, soucieux d’écarter toute responsabilité dans l’épidémie.