(Nations unies) Le Conseil de sécurité de l’ONU, à l’initiative du Mexique, a adopté mercredi une résolution poussant les Casques bleus à participer à la lutte contre les flux d’armes légères illicites et au contrôle des embargos, malgré l’opposition de la Russie, de l’Inde et de la Chine.

Ces trois pays se sont abstenus. La résolution, co-parrainée par 70 des 193 membres des Nations unies, a été adoptée par 12 des 15 membres du Conseil de sécurité.

Le texte demande d’étudier lors des renouvellements de mandats « comment les opérations de paix pourraient aider les autorités nationales compétentes à combattre le transfert et le détournement illicites d’armes en violation des embargos sur les armes ».

Il encourage aussi les missions de paix « à renforcer les capacités des autorités du pays hôte, à leur demande, en matière de collecte de données et de formation pour lutter contre le transfert illicite d’armes et de matériel ».

« L’objectif est d’arrêter le détournement d’armes qui alimentent les conflits et de renforcer, en retour, l’ordre juridique international, le dialogue politique et la négociation des parties », a déclaré l’ambassadeur du Mexique à l’ONU, Juan Ramon de la Fuente Ramirez.

Pour la Russie, détentrice d’un droit de veto au Conseil mais qui ne l’a pas utilisé, « mettre tous les embargos sur les armes dans le même sac […] n’entraîne pas de valeur ajoutée et compromet le travail du Conseil de sécurité » pour résoudre les conflits, a déclaré l’ambassadeur russe adjoint à l’ONU, Dmitry Polyanskiy.

La Chine a aussi critiqué « une approche unique » incluant toutes les opérations de paix et les embargos sur les armes, tandis que l’Inde rappelait être « l’un des plus importants contributeurs de troupes aux opérations de paix ».

« Les opérations de paix de l’ONU ne devraient pas être utilisées comme un moyen de mettre en œuvre des embargos sur les armes. Cela entraînera non seulement un ajout important à leur mandat actuel, mais affectera aussi leur efficacité opérationnelle et pourrait même éventuellement mettre les soldats de la paix en danger », a dit Madhu Sudan, de la mission diplomatique indienne.

Ambassadeur du Niger, Abdou Abarry a regretté que la résolution n’aborde pas « le problème à sa racine », à savoir la fabrication, la vente et l’acheminement de ces armes illicites. « Le Conseil doit avoir un jour le courage d’affronter cette question ». « Il est grand temps que les intérêts économiques de quelques fabricants d’armes s’effacent devant l’impérieuse nécessité de sauver des vies humaines », a-t-il réclamé.

L’ONU compte actuellement quelque 100 000 Casques bleus dans une vingtaine d’opérations de la paix dans le monde.