(Genève) Les pays membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), aux prises depuis deux ans avec la COVID-19, ont lancé mercredi un processus de négociation en vue d’un accord international, et peut-être un futur traité, pour mieux combattre les pandémies.

La décision a été adoptée par consensus après trois jours d’une réunion exceptionnelle de l’Assemblée mondiale de la santé, organe décisionnel suprême de l’OMS qui rassemble l’ensemble de ses membres.

« L’adoption de cette décision est un motif de célébration et d’espoir », s’est réjoui le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. La gestion de la COVID-19 a montré les limites de ce que l’OMS a le droit et les moyens de faire.

Le texte était proposé par plusieurs dizaines de pays, dont ceux de l’Union européenne et les États-Unis.  

Bien que n’étant pas sur la liste des pays ayant soumis le texte, la Chine a fait part pendant les débats de sa volonté de négocier un accord, sans préciser s’il devait être contraignant ou pas.  

« Nous devons transformer notre architecture sanitaire mondiale, afin que la communauté internationale puisse répondre aux futures pandémies de manière collective, efficace et immédiate », a réagi l’ambassadrice de l’UE, Lotte Knudsen, après l’adoption du texte.

Les États-Unis, dans un communiqué envoyé par leur mission à Genève, ont appelé les pays à « travailler ensemble pour faire progresser la sécurité sanitaire et rendre le système de santé mondial plus fort et plus réactif ».

Les pays s’étaient déjà mis d’accord dimanche de façon informelle sur le document.  

Désormais, les membres de l’OMS vont devoir plancher sur l’élaboration de ce cadre juridique et décider si cet instrument international sera contraignant-à l’instar d’un traité-ou pas. Certains pays, dont les États-Unis, ont déjà fait part de leur réticence à l’idée d’un instrument contraignant.

« La route est longue »

La proposition de « traité international sur les pandémies » -soutenue par le Dr Tedros-avait été présentée fin mars dans une tribune signée par les dirigeants de pays répartis sur les cinq continents, dont le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre britannique Boris Johnson et les présidents sud-africain Cyril Ramaphosa et chilien Sebastian Pinera.

« Bien sûr, la route est encore longue », a reconnu mercredi le Dr Tedros, « il existe encore des divergences d’opinions sur ce que pourrait ou devrait contenir un nouvel accord ».

Le projet d’accord prévoit dans un premier temps la création d’« un organe intergouvernemental » en vue de rédiger et de négocier « une convention, un accord ou un autre instrument international de l’OMS sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies ».

Un rapport intermédiaire est attendu pour mai 2023, suivi de conclusions en mai 2024.

Depuis l’apparition des premiers cas de COVID-19, l’OMS a dénoncé à plusieurs reprises le manque de partage des échantillons et des données sur les premiers cas de COVID-19, et elle assiste, impuissante, aux inégalités d’accès aux vaccins entre pays riches et pauvres.

Pour beaucoup, le futur instrument international sur les pandémies doit permettre de renforcer l’OMS, tant au niveau de son financement que de ses capacités d’action.

« Une des attentes vis-à-vis de ce traité est de pouvoir améliorer la capacité de l’OMS à suivre et évaluer la situation dans les pays : le pouvoir d’enquête de l’OMS », a indiqué à l’AFP une source diplomatique française.

Il permettrait « d’obtenir des avancées importantes sur le renforcement de l’accès équitable aux produits de santé, mais aussi de disposer de systèmes de santé qui ont pu être renforcés pour constituer une première ligne de défense efficace face aux pandémies ».

Le chef de l’OMS a également réclamé ces derniers mois la mise en place d’un système collectif d’évaluation inter-étatique, comme il en existe à l’ONU en matière de droits humains.