(Montréal) La pandémie de coronavirus a été riche en leçons dont les villes de la planète pourraient s’inspirer pour mitiger l’impact des changements climatiques, a-t-on indiqué jeudi, à quelques heures de la fin de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26), à Glasgow, en Écosse.

Les populations les plus vulnérables aux deux catastrophes, à savoir les gens les plus démunis, sont les mêmes, a ainsi souligné l’ancien maire de la ville allemande de Bonn, Ashok Sridharan, au moment de dévoiler les résultats d’une étude qu’il a menée auprès de 12 grandes villes.

Santé, logement, approvisionnement

Les deux crises mettent aussi en relief l’importance d’un accès à un logement adéquat, à des soins de santé appropriés et à des aliments de qualité dans tous les quartiers, a-t-il dit, et non seulement dans les secteurs plus centraux.

« Les villes et les municipalités jouent un rôle de premier plan dans l’organisation du bien-être public parce qu’elles sont le niveau de gouvernement le plus rapproché de la population », a rappelé M. Sridharan.

Son étude a été menée en collaboration avec certaines des plus grandes villes de la planète, comme La Paz, Lima et Recife en Amérique du Sud ; Cape Town en Afrique du Sud ; Chennai, Séoul et Singapour en Asie ; Netanya en Israël ; et Melbourne en Australie.

Ses conclusions découlent de questionnaires auxquels des responsables ont accepté de répondre et de discussions qu’il a eues avec des dirigeants.

Renforcer les hôpitaux

Si l’importance d’un accès équitable aux soins de santé est devenue évidente pendant la pandémie, notamment quand plusieurs hôpitaux ont été poussés aux confins de leurs capacités par un tsunami de patients, elle risque de devenir encore plus criante au fur et à mesure que s’intensifieront les effets du réchauffement planétaire, a-t-il prévenu.

« Les soins de santé doivent être améliorés en raison des maladies associées aux changements climatiques, a dit M. Sridharan. Parce que nous avons plus de canicules, par exemple, nous avons plus de crises cardiaques et de cancers de la peau. Il y a plus d’insectes qui causent des maladies. Donc je pense qu’il faut améliorer les soins de santé non seulement pour affronter la pandémie, mais aussi les changements climatiques. »

La santé et l’éducation sont les deux secteurs qui ont été les plus durement touchés par la pandémie dans les villes étudiées, a-t-il ajouté.

Télétravail durant les canicules

À ce sujet, poursuit-il, la pandémie a sérieusement limité l’accès aux lieux de travail et aux écoles et le même phénomène pourrait se produire avec le réchauffement planétaire. Il importe donc que les gouvernements mettent en place les infrastructures nécessaires, comme un accès à internet, pour permettre de travailler et d’apprendre à distance efficacement, a indiqué M. Sridharan.

La pandémie a aussi poussé certaines villes à améliorer leurs réseaux de transport en commun et de transport actif pour faciliter la distanciation sociale, ce qui a été bénéfique pour le climat.

Les restrictions imposées aux déplacements pendant la pandémie ont aussi protégé le climat en faisant disparaître la congestion automobile et les épisodes de smog qui affligeaient normalement plusieurs villes.

Une conséquence très positive de l’étude qu’il a menée est que les villes ont envisagé comment affronter les changements climatiques et comment elles peuvent s’adapter pour réduire les émissions, a dit M. Sridharan.

Plus de gens vivront dans des secteurs urbains à la fin du siècle, et c’est pourquoi les villes doivent recevoir plus de responsabilités concernant la lutte aux changements climatiques, a-t-il ajouté.

« Nous devons changer nos habitudes, et nous devons changer plusieurs choses, si nous ne voulons pas vivre une autre pandémie ou si nous voulons gérer la pandémie plus efficacement, a-t-il dit. C’est la même chose avec les changements climatiques. »