(Glasgow) L’ancien président américain Barack Obama a dit croire, lundi, que l’administration Biden obtiendra éventuellement l’adoption par le Congrès de son plan climatique de 555 milliards de dollars, tout en dénonçant ce qu’il a appelé « le dangereux manque d’empressement » de la Russie et de la Chine à réduire leurs propres émissions polluantes.

Il a fait ces commentaires dans le cadre de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26), à Glasgow, en Écosse.

« En ce qui a trait au climat, on commence vraiment à manquer de temps », a lancé M. Obama aux participants. Même si des progrès ont été réalisés depuis l’Accord de Paris en 2015, « nous ne sommes même pas proches de là où nous devrions être ».

Impasses dans plusieurs dossiers

Plusieurs responsables de la conférence ont admis lundi que l’impasse persiste dans plusieurs dossiers. Il semble évident que la confiance n’est pas au rendez-vous entre pays riches et pays pauvres quand on compare le bilan de la semaine à ce qui reste à faire. Les pays en voie de développement ont utilisé cinq versions du mot « décevant » quand les leaders ont fait le point lundi sur les progrès réalisés jusqu’à présent.

C’est la première fois que M. Obama participe à une conférence climatique des Nations unies depuis le triomphe de Paris en 2015, quand les nations du monde s’étaient entendues pour réduire les émissions polluantes suffisamment rapidement pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius.

L’optimisme a depuis cédé le pas à l’inquiétude. Donald Trump a retiré les États-Unis de l’Accord de Paris. Joe Biden a renversé cette décision dès qu’il a pris le pouvoir, plus tôt cette année, mais les efforts américains pour combattre les changements climatiques ont néanmoins pris beaucoup de retard.

La visite de M. Obama à Glasgow visait à rappeler aux gouvernements l’enthousiasme suscité par l’Accord de Paris et à les inciter à adopter des mesures plus immédiates et plus concrètes pour mettre en œuvre l’entente de 2015.

L’ancien président a salué les efforts de plusieurs pays, dont ceux du Canada, pour combattre la crise climatique.

« Je n’étais pas très heureux », a-t-il dit au sujet de la décision de M. Trump de se retirer de l’Accord de Paris, avant d’ajouter : « On a besoin d’optimisme pour sauver la planète. Il m’arrive d’être découragé. Parfois l’avenir me semble sombre. Il m’arrive de douter que l’humanité puisse s’entendre pour agir avant qu’il ne soit trop tard. Mais on ne peut pas se permettre de baisser les bras. »

M. Obama a rappelé que les changements climatiques ne se soucient pas des allégeances politiques, qu’ils inonderont les maisons et détruiront les récoltes des partisans de toutes les allégeances.

Chaises vides de Poutine et de Xi

Et si, en 2015, les relations entre les représentants de l’administration Obama et leurs homologues chinois avaient permis d’en venir à une entente, lundi M. Obama a dénoncé l’absence à Glasgow des présidents chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine.

« J’ai été particulièrement découragé de voir que les dirigeants de deux des principaux pollueurs du monde, la Chine et la Russie, ne sont même pas venus participer aux discussions. Leurs plans nationaux semblent témoigner d’une absence dangereuse d’empressement », a-t-il dit.

M. Obama s’était adressé plus tôt lundi à une session des îles du Pacifique, dont certaines sont grandement menacées par la hausse du niveau des océans.

« Nous avons tous un rôle à jouer. Nous avons tous du travail à faire. Nous devrons tous faire des sacrifices, a-t-il dit. Mais nous qui vivons dans les pays riches, ceux de nous qui avons aidé à créer le problème […] nous avons une responsabilité supplémentaire. »

Aucun accord sur les trois objectifs

Aucun accord n’a encore été conclu concernant les trois principaux objectifs de la conférence : réduire les émissions polluantes de moitié d’ici 2030 pour préserver la possibilité de limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius ; une aide annuelle de 100 milliards US des pays riches aux pays pauvres ; et l’idée que la moitié de cette somme serait consacrée à une adaptation aux pires répercussions de la crise climatique.

Plusieurs pays en voie de développement ont témoigné de leur pessimisme. Ils ont qualifié les progrès de « décevants » et d’insuffisants, estimant que la quantité des annonces surpasse leur qualité.

Les représentants de 77 pays en voie de développement, en plus de la Chine, ont dit que les pourparlers sont voués à l’échec tant que n’aura pas été réglée la question de l’aide financière pour aider les pays pauvres à affronter les changements climatiques.

Les experts assurent que la crise est aussi grave que ce que laissent entendre les sombres discours à Glasgow. Les objectifs de Paris deviendront très bientôt inatteignables, ont-ils dit, en raison de l’intensification des dommages causés par la pollution.

De gigantesques manifestations ont été organisées à Glasgow et ailleurs en Europe au cours des derniers jours pour réclamer une action plus vigoureuse face au réchauffement planétaire.

M. Obama a reconnu que les jeunes « ont le droit d’être frustrés », avant de partager avec eux un conseil que lui donnait sa mère quand il était jeune.

« Ne boudez pas. Activez-vous, mettez-vous au travail, et changez ce qui doit être changé, a-t-il dit. Votez comme si votre vie en dépendait — parce qu’elle en dépend. »