(Glasgow) Quelque 95 % des producteurs de pétrole et de gaz explorent ou prévoient de développer de nouvelles réserves d’hydrocarbures, selon un rapport produit par l’ONG allemande Urgewald et 20 ONG partenaires, publié jeudi en pleine conférence climat de l’ONU.

La moitié de ces productions nouvelles repose en outre sur l’exploitation de pétrole et de gaz non conventionnels (de schiste, sables bitumineux, forages en Arctique, en eaux très profondes…), pointe cette Global Oil and Gas Exit List (GOGEL), qui analyse les plans d’investissement de 887 compagnies représentant près de 95 % de la production mondiale d’hydrocarbures.

Ce constat arrive alors que les appels au nom du climat se multiplient pour se détourner des énergies fossiles. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) souligne que, pour arriver à la neutralité carbone en 2050 et garder le réchauffement à +1,5 °C, le monde doit abandonner dès aujourd’hui tout nouveau projet.

L’essor continu du secteur s’accompagne de projets d’infrastructures de transport, note le rapport : 211 849 km d’oléoducs et gazoducs sont en développement, « la moitié de la distance entre la Terre et la Lune ».

Les projets de terminaux de gaz liquéfié (GNL) actuellement prévus doubleraient la capacité mondiale de GNL, ajoute le rapport, qui se veut la première base de données publique exhaustive sur l’industrie pétrolière et gazière, sur le même modèle que la liste sur les actifs charbon (GCEL), produit par Urgewald et devenu un outil aussi pour la finance.

Les grandes pétrolières sont parmi « les expansionnistes les plus agressifs », soulignent les Amis de la Terre France et Reclaim Finance, qui ont participé à l’étude.

Une pétrolière canadienne dans la liste

L’étude mentionne Canadian Natural Resources, active dans les sables bitumineux de l’Alberta et dans le fracking. Quinze multinationales concentrent plus de 50 % de l’expansion de production prévue à court terme.

Les associations appellent gouvernements et acteurs de la finance à se saisir de cet outil pour mettre fin à tout soutien à l’expansion des énergies fossiles.

« Il sera désormais très facile pour les banques, assureurs et investisseurs de faire le tri entre l’écoblanchiment et les vrais plans de transition des entreprises pétrogazières », souligne Alix Mazounie, chargée de campagne à Reclaim Finance.

Avec La Presse