(Washington) Le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi a appelé dimanche les États-Unis à ne pas « trahir leurs promesses » concernant Taïwan après une rare rencontre avec son homologue américain Antony Blinken sur fond de tensions autour de l’île.

« Nous demandons que les États-Unis poursuivent une vraie politique d’une seule Chine », a indiqué M. Wang lors d’une rare rencontre avec son homologue américain Antony Blinken en marge du G20 à Rome, selon un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères.

« Nous demandons aux États-Unis de remplir leurs engagements envers la Chine, plutôt que briser leurs promesses », a-t-il ajouté.

La question de Taïwan est « la plus sensible » dans les relations américano-chinoises, et pourrait provoquer des « dégâts importants » si elle était « traitée de la mauvaise manière », a souligné M. Wang.

Les passes d’armes se sont multipliées ces dernières semaines entre la Chine et les États-Unis sur le sort du territoire, régi par un gouvernement démocratique, mais considéré comme une province chinoise par Pékin qui se dit déterminé à opérer une « réunification », par la force si nécessaire.

M. Blinken pour sa part a exprimé à son homologue son opposition à des activités chinoises « qui vont à l’encontre de nos valeurs et de nos intérêts […] dont des mesures concernant les droits humains, le Xinjiang, le Tibet, Hong Kong, les mers de Chine orientale et du Sud, et Taïwan », a déclaré un porte-parole du département d’État, Ned Price, dans un communiqué.

Le président américain Joe Biden a récemment affirmé que les États-Unis avaient « un engagement » à défendre militairement Taïwan en cas d’attaque chinoise.  

Il semblait rompre avec « l’ambiguïté stratégique » – aider militairement Taïwan sans s’engager sur une intervention en cas d’invasion – jusque-là de mise sur le sujet, même si son équipe a ensuite nié tout changement de politique.

M. Blinken a répété dimanche sur CNN qu’il n’y avait « pas de changement » de politique américaine sur Taïwan, et que Washington restait « résolument engagé » à respecter la loi votée par le Congrès obligeant l’exécutif à fournir à Taipei des armes pour son autodéfense.

« Confiance »

Cette semaine, la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, a confirmé la présence sur son territoire d’un petit nombre de soldats américains venus entraîner son armée et a dit faire « confiance » aux États-Unis pour qu’ils défendent son île face à la Chine.

Antony Blinken a aussi suscité l’ire de Pékin en plaidant mardi en faveur d’une « participation significative » de Taipei dans les instances onusiennes et sur la scène internationale.

Dans un communiqué séparé, le département d’État a annoncé l’envoi à Taïwan de 1,5 million de doses du vaccin anti-COVID-19 Moderna.

Les deux parties ont toutefois adopté dimanche un ton conciliant sur d’autres sujets.

M. Blinken a mentionné des sujets sur lesquels, selon lui, les deux pays pourraient travailler ensemble, car leurs intérêts se rencontrent, comme la Corée du Nord, la Birmanie, l’Iran, l’Afghanistan et la crise climatique, selon le département d’État.

« Le secrétaire Blinken a souligné l’importance de garder ouvertes des voies de communication pour gérer de manière responsable la compétition » entre les États-Unis et la Chine, ajoute le communiqué américain.

M. Wang s’est dit favorable à l’établissement de contacts réguliers avec son homologue pour résoudre les problèmes.

Cette rencontre n’est que la deuxième entre les deux hommes, dans un contexte de fortes tensions entre les deux superpuissances. La précédente avait eu lieu en mars en Alaska (États-Unis) et la délégation chinoise avait réprimandé la partie américaine devant les caméras de télévision.

Les deux plus grandes économies du monde s’opposent sur plusieurs fronts, notamment le commerce, les droits humains et la pandémie de COVID-19.