(Paris) L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a organisé vendredi un simulacre d’enterrement devant l’ambassade de Chine à Paris pour dénoncer « l’assassinat » de l’Apple Daily, quotidien de Hong Kong pro-démocratie contraint de fermer, au lendemain de la parution de sa dernière édition, a constaté un journaliste de l’AFP.

Parti des Invalides, un cortège emmené par la voiture d’une vraie entreprise de pompes funèbres, suivie d’une poignée de militants vêtus de noir, s’est rendu en direction de l’ambassade de Chine, dans le 8e arrondissement.  

Les agents des pompes funèbres y ont alors déposé un cercueil, une gerbe de fleurs accompagnée d’une plaque funéraire sur laquelle était inscrit « Apple Daily (1995-2021) », ainsi que des reproductions de son ultime édition parue jeudi.

« Un journal est mort », a lancé le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, sous les cris d’une sirène actionnée par l’ambassade, « manifestement pour nous empêcher de parler », selon lui.

« Carrie Lam, la cheffe de l’exécutif de Hong Kong, et les donneurs d’ordre à Pékin ont assassiné l’Apple Daily avec préméditation. L’arme du crime, c’est la loi de sécurité nationale », imposée par la Chine en 2020 pour reprendre la main sur Hong Kong, qui permet « de réprimer la liberté de la presse », a estimé M. Deloire.

« Tous ces Hongkongais qui se sont rendus dans les kiosques » jeudi pour acheter « la dernière édition d’Apple Daily, tirée à un million d’exemplaires, se sont comme rendus à des obsèques », a-t-il expliqué.

Les militants sont aussi venus « rendre hommage » à la rédaction du journal ainsi qu’à son fondateur, le magnat de la presse Jimmy Lai, en détention pour son implication dans les manifestations pro-démocratie de 2019, également inculpé en vertu de la loi sur la sécurité nationale, passible de la prison à vie.

L’Apple Daily était dans le collimateur de Pékin depuis longtemps pour son soutien au mouvement pro-démocratie et ses critiques récurrentes des dirigeants chinois. Il a reçu un coup fatal la semaine dernière, avec la perquisition de sa salle de rédaction, l’arrestation de cinq de ses dirigeants et le gel de ses avoirs, qui l’a poussé à fermer, laissant plus d’un millier de personnes, dont 700 journalistes, sans emploi.

Hong Kong est passée de la 18e place en 2002 à la 80e place au classement mondial de la liberté de la presse de RSF, la Chine stagnant pour sa part au 177e rang sur 180.