(Paris) Alors que le président américain Joe Biden appelle à la suspension des brevets sur les vaccins contre la COVID-19, les experts de l’UNESCO travaillent tranquillement sur un plan plus ambitieux : un nouveau système mondial de partage des connaissances scientifiques qui survivrait à la pandémie actuelle.

Lors d’une réunion qui s’est achevée mardi, des diplomates et des experts juridiques et techniques des États membres de l’UNESCO ont tenté d’élaborer des lignes directrices mondiales dans le cadre d’un projet appelé Science ouverte.

Les spécialistes de l’UNESCO affirment que la pandémie a montré que le partage de recherches sensibles est possible : des scientifiques chinois ont séquencé et partagé le génome du nouveau coronavirus en janvier 2020, permettant aux chercheurs allemands de concevoir rapidement un test de dépistage partagé dans le monde entier.

« La crise a mis en lumière la manière dont les informations scientifiques sont produites, partagées et communiquées », a déclaré Ana Persic, chef de la section des politiques scientifiques à l’UNESCO, basée à Paris. « C’est un changement de paradigme pour la communauté scientifique. »

Les pourparlers sur la science ouverte visent à proposer une « loi non contraignante » d’ici la fin de cette année que les gouvernements pourraient utiliser comme guide pour définir des politiques scientifiques et partager systématiquement les données, les logiciels et la recherche au-delà des frontières, a déclaré Ana Persic.

La suspension des brevets de vaccins est plus sensible que les génomes ou les protocoles de test de dépistage en raison des énormes investissements et des préoccupations commerciales impliquées, a reconnu Ana Persic. Les discussions sur la question des brevets au cœur des préoccupations à l’Organisation mondiale du commerce, pas à l’UNESCO, et elles sont loin d’aboutir à un consensus.

Les dirigeants européens affirment que la levée de la protection des brevets ne résoudra pas le problème de vaccination des habitants des pays les plus pauvres. Au lieu de cela, ils font pression pour une action plus immédiate, comme exhorter les États-Unis à exporter des doses de vaccin déjà produites.

Mais Ana Persic a déclaré à l’Associated Press qu’« en cas d’urgence ou de crise, il pourrait y avoir un moyen de lever ces brevets… On peut protéger les données d’une certaine manière et toujours les partager. »

L’annonce surprise du président Joe Biden la semaine dernière en faveur de la suspension de la protection des brevets est intervenue juste au moment où les experts ont commencé à se réunir à l’UNESCO pour discuter du plan du projet de science ouverte. La décision de Joe Biden a été « reçue comme un signe de tête positif » à nos efforts, a déclaré Ana Persic.

En 2019, le président de l’époque, Donald Trump, s’était retiré de l’UNESCO, mais des diplomates américains participent aux pourparlers sur la science ouverte en tant qu’observateurs.

La directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a déclaré dans un communiqué que la levée de la protection des brevets pour les vaccins contre le coronavirus « pourrait sauver des millions de vies et servir de modèle pour l’avenir de la coopération scientifique. La COVID-19 ne respecte pas les frontières. Aucun pays ne sera en sécurité tant que les habitants de chaque pays n’auront pas accès au vaccin. »