(Londres) Réunies pour la première fois en personne en plus de deux ans, les grandes puissances du G7 ont adopté mercredi un ton ferme à l’égard de la Russie, de la Chine et l’Iran, sans annoncer l’aide supplémentaire au partage des vaccins demandée par l’OMS.

À un mois du sommet des chefs d’État et de gouvernement du G7 en Angleterre, cette rencontre de leurs chefs de diplomatie à Londres marquait le retour des contacts directs après des mois de visioconférences, et celui du multilatéralisme revendiqué par la nouvelle administration américaine.

Les rencontres se sont déroulées à huis clos et suivant un strict protocole sanitaire, et les principales conclusions ont été annoncées par le communiqué final mis au point par l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni.

Les membres du G7 d’y disent « très préoccupés par la persistance de l’attitude irresponsable et déstabilisatrice de la Russie », exclues du club des pays riches après l’annexion de la Crimée en 2014.  

Ils reprochent notamment à Moscou le « renforcement important des forces militaires russes aux frontières de l’Ukraine et dans la Crimée annexée illégalement », ainsi que des « activités malveillantes visant à saper les systèmes démocratiques d’autres pays et l’utilisation de la désinformation ».  

Les sept puissances occidentales n’épargnent pas la Chine, l’appelant à « respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales ».  Ils se disent inquiets des violations des droits humains en particulier au Xinjiang où la minorité musulmane des « Ouïghours et les membres d’autres groupes ethniques et religieux minoritaires sont pris pour cible ».  

Ils lui reprochent aussi « d’éroder fondamentalement les éléments démocratiques du système électoral à Hong Kong ».

Concernant l’Iran, le G7 salue les discussions en cours pour sauver l’accord de 2015 sur le nucléaire, dont Donald Trump s’était retiré, mais demandent à Téhéran de libérer les binationaux détenus de manière « arbitraire », comme l’Irano-Britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe, condamnée récemment à une nouvelle peine de prison.

Soutien à Covax

Cette réunion des pays riches s’est tenue dans un contexte de pression accrue pour se montrer plus solidaires. Car à l’heure où les campagnes de vaccination en Europe ou aux États-Unis permettent une levée progressive des restrictions en place contre le coronavirus, les pays pauvres manquent encore cruellement de doses de vaccins.  

Dans son communiqué, le G7 promet de soutenir financièrement le système de partage des vaccins Covax « pour permettre un déploiement rapide et équitable » des doses, sans cependant annoncer d’aide supplémentaire.  

Les chefs de la diplomatie disent « reconnaître qu’un financement suffisant est nécessaire » pour les mécanismes internationaux. Ils se prononcent également pour favoriser des productions locales, y compris par des transferts de technologie.

Lundi, le chef de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus s’était inquiété d’un déficit de financement de 19 milliards de dollars (sur les 22 nécessaires cette année), sans compter plus de 35 milliards nécessaires l’année prochaine pour la vaccination, et avait appelé le G7 à combler ce manque.

Malgré l’urgence de la situation dans certains pays, comme en Inde, le système de partage avec les pays pauvres Covax, qui se fournit principalement en vaccins d’AstraZeneca, n’a livré que 49 millions de doses dans 121 pays et territoires, contre un objectif de 2  milliards en 2021.

Les Occidentaux ont pour l’instant gardé leurs stocks pour leur population. Certains pays comme les États-Unis, grâce à des campagnes très avancées, envisagent désormais un partage, qui a été discuté par les ministres du G7.  

Face à l’ampleur de la crise, les annonces des sept puissances ont été jugées largement insuffisantes par bon nombre d’associations. « Les ministres ont simplement réaffirmé leur engagement collectif en faveur des demi-mesures et des solutions ratées », a estimé Heidi Chow du groupe Global Justice Now, se disant « profondément déçue ».  

« Alors que des milliers de personnes meurent chaque jour en Inde, l’incapacité persistante du G7 à rompre avec les monopoles contrôlés par les sociétés pharmaceutiques est inexcusable », a pour sa part martelé Oxfam, s’inquiétant que des firmes privées « continuent de décider qui vit et qui meurt ».