(Washington) Une étude de grande ampleur en Israël a confirmé mercredi l’efficacité du vaccin de Pfizer en conditions réelles, une preuve de plus du rôle clé des campagnes de vaccination pour mettre fin à la pandémie.

Jusqu’ici, l’efficacité du vaccin de Pfizer avait été prouvée par des essais cliniques : leur validité a été confirmée par l’analyse des données de quelque 1,2 million de personnes en Israël, pays en pointe dans la vaccination et où circule largement le variant britannique.

Les auteurs de l’étude, publiée dans le prestigieux New England Journal of Medicine, montrent que la vaccination a réduit de 94 % les cas symptomatiques de la COVID-19, de 92 % les cas graves de la maladie, et de 87 % les hospitalisations. Ces taux valent pour la protection obtenue au moins sept jours après la seconde injection.

« Il s’agit de la première preuve validée par les pairs de l’efficacité d’un vaccin dans les conditions du monde réel », a déclaré à l’AFP Ben Reis, l’un des co-auteurs.

Le vaccin a fonctionné de façon relativement équivalente pour tous les groupes d’âge, a-t-il précisé.

Une efficacité a également été constatée contre la possibilité même d’être infecté (et non seulement de développer des symptômes). Une donnée cruciale, car elle pourrait indiquer que les personnes vaccinées ne peuvent plus non plus transmettre le virus, mais qui demande à être confirmée.

Autre bonne nouvelle du côté des vaccins : les autorités américaines ont confirmé l’efficacité du remède unidose de Johnson & Johnson, y compris contre des variants, sur la base des données des essais cliniques.

Cet avis, qui présage d’une mise sur le marché très prochainement aux États-Unis, peut-être dès la fin de la semaine, était très attendu, car ce vaccin présente deux avantages en matière de logistique : il ne s’administre qu’en une seule dose et il peut être stocké à des températures de réfrigérateur classique et non de congélateur, ce qui facilitera sa distribution.

L’efficacité de ce vaccin est de 85,9 % contre les formes graves de la maladie aux États-Unis, et il est également efficace contre ces formes graves à 81,7 % en Afrique du Sud et 87,6 % au Brésil, où des variants sont largement répandus.

L’Agence américaine des médicaments (FDA) a rendu publics ces documents deux jours avant une réunion de son comité consultatif pour examiner l’autorisation en urgence du vaccin dans le pays.

« Les analyses soutiennent un profil de sécurité favorable sans inquiétudes spécifiques de sécurité identifiées qui pourraient empêcher l’émission d’une autorisation d’utilisation en urgence », a-t-elle écrit.  

Le vaccin de Johnson & Johnson est déjà administré en Afrique du Sud.

« Haute qualité »

Cette nouvelle est intervenue le jour où l’administration du président Joe Biden a annoncé son intention de distribuer gratuitement 25 millions de masques à partir du mois de mars, à destination des Américains les plus pauvres.

Les masques seront distribués « dans tout le pays […] et disponibles dans plus de 1300 dispensaires locaux de soin et 60 000 banques alimentaires », a précisé la Maison-Blanche.

Les deux tiers des personnes traitées dans ces dispensaires vivent dans la pauvreté, a-t-elle ajouté. Les masques seront en tissu, lavables et de « haute qualité ».  

« Bien que les masques soient largement disponibles […], beaucoup d’Américains manquent encore d’accès à cette protection de base », a déclaré Jeff Zients, le coordinateur de la lutte contre la COVID-19 de l’exécutif américain.

« Premier pas » pour Covax

En Afrique, le Ghana a reçu mercredi la première livraison mondiale de vaccins financés par le dispositif international Covax destiné aux pays défavorisés.  

« Ce matin, les premières doses de vaccins COVID-19 livrées par le dispositif Covax sont arrivées au Ghana », a écrit sur Twitter le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. « C’est un jour que nous devons célébrer, mais c’est juste un premier pas ».

Un avion transportant 600 000 doses du vaccin AstraZeneca/Oxford du fabricant Serum Institute of India a atterri mercredi matin à l’aéroport d’Accra, la capitale ghanéenne. Ces doses « font partie de la première vague de vaccins contre la COVID-19 à destination de plusieurs pays à revenu faible et intermédiaire », selon un communiqué de l’OMS et de l’UNICEF.

Le Ghana, qui a enregistré 80 759 cas de coronavirus, dont 582 mortels, devrait recevoir 2,4 millions de doses.

Le système Covax vise à fournir cette année des vaccins contre la COVID-19 à 20 % de la population de près de 200 pays et territoires participants, mais il comporte surtout un mécanisme de financement qui permet à 92 nations ayant un niveau de développement économique faible ou moyen d’avoir accès aux précieuses doses. Il a été mis en place pour tenter d’éviter que les pays riches n’accaparent l’ensemble des vaccins.

Tedros Adhanom Ghebreyesus a cependant accusé lundi certains pays riches de « saper » le dispositif Covax et d’« approcher les fabricants pour s’assurer l’accès à des doses de vaccins supplémentaires ».

Au moins 217 millions de doses de vaccins contre la COVID-19 ont été administrées dans le monde, selon un comptage réalisé par l’AFP. Mais plus de neuf doses sur dix ont été injectées dans des pays à revenu « élevé » ou « intermédiaire de la tranche supérieure », au sens de la Banque mondiale.

Tandis que la vaccination s’étend lentement aux pays plus pauvres, l’Inde a annoncé mercredi prévoir d’élargir son gigantesque programme de vaccination contre la COVID-19 aux personnes de plus de 60 ans à partir du 1er mars.  

Partout dans le monde, les gouvernements misent sur les injections pour tenter de venir à bout de la pandémie, qui a fait près de 2,5 millions de morts depuis fin décembre, selon un bilan établi par l’AFP mercredi.