(Wuhan) Un expert de la mission de l’OMS en Chine pour enquêter sur les origines du coronavirus a mis en doute mercredi la fiabilité des renseignements américains sur la pandémie, dont la progression pousse l’Europe à vouloir renforcer la production de vaccins.

« Ne vous fiez pas trop aux renseignements américains » qui sont « franchement erronés sur de nombreux aspects », a tweeté l’expert de l’OMS Peter Daszak au dernier jour de son séjour à Wuhan.

Après une mission de quatre semaines dans cette ville qui fut, un temps, épicentre de l’épidémie, les experts de l’Organisation mondiale de la santé ont indiqué n’avoir pu percer les origines de la COVID-19, mais jugé « hautement improbable » l’hypothèse de la fuite du coronavirus depuis un laboratoire de la ville.

L’administration de l’ancien président Donald Trump avait accusé l’Institut de virologie de Wuhan d’avoir laissé s’échapper le virus, volontairement ou non.

Si l’administration Biden a pris ses distances avec cette théorie, elle a semblé accueillir avec scepticisme les premières conclusions des experts de l’OMS et appelé à ce qu’elles soient vérifiées par les services américains.

Depuis les premiers cas de coronavirus recensés en décembre 2019 à Wuhan, le monde s’est barricadé en s’interrogeant sur l’origine d’une crise sanitaire dramatique qui a fait à ce jour plus de 2,3 millions de morts.  

L’UE « trop optimiste »

Face à la propagation des nouveaux variants du virus, qui sont souvent plus contagieux, l’Union européenne a annoncé mardi vouloir mettre l’accent sur la production de vaccins.

« Trop optimiste » sur les livraisons, l’UE veut à présent muscler la production de masse pour mieux préparer les Vingt-Sept à la propagation de ces variants, a affirmé mercredi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

« Nous avons sous-estimé les difficultés liées à la production de masse […] Nous avons été trop optimistes, et sans doute trop confiants sur la livraison en temps voulu des doses commandées », a reconnu une nouvelle fois la chef de l’exécutif européen devant les eurodéputés.

L’Allemagne, moins touchée par la première vague de COVID-19 au printemps 2020, veut quant à elle  prolonger jusqu’au 14 mars le confinement partiel en vigueur, selon un projet d’accord consulté mercredi par l’AFP.

Si les infections ralentissent dans le pays, « les variants du coronavirus se répandent », ce qui rend nécessaire « que les restrictions restent en place dans les prochaines semaines », note le gouvernement dans le texte qui sera soumis aux chefs des régions lors d’une réunion ce mercredi.

Le laboratoire allemand BioNTech a, par ailleurs, annoncé mercredi le démarrage de la production de son vaccin, conçu avec l’Américain Pfizer, dans une nouvelle usine à Marbourg (Allemagne), destinée à augmenter les livraisons.

Pays le plus endeuillé d’Europe par la COVID-19, avec près de 113 000 morts, le Royaume-Uni a lui aussi donné un nouveau tour de vis aux restrictions en décidant que tous les voyageurs arrivant en Angleterre devront se soumettre à deux tests PCR, aux deuxième et huitième jours d’une quarantaine obligatoire de dix jours.

Pour la même raison, l’Espagne, qui a passé mardi la barre des trois millions de cas détectés, a annoncé que les restrictions imposées sur les vols en provenance du Royaume-Uni, du Brésil et d’Afrique du Sud seraient prolongées jusqu’au 2 mars.

En Israël, pays qui a entamé dimanche la sortie progressive de son troisième confinement, quatre personnes ont été arrêtées à Jérusalem après de nouveaux heurts entre les forces de l’ordre israéliennes et des juifs ultra-orthodoxes opposés aux mesures anticoronavirus, a indiqué la police mercredi.

Quant à la France, qui a dépassé le seuil des 80 000 morts, franchi, elle réunit mercredi son Conseil de défense, sans exclure de nouvelles restrictions.  

Le Japon en quête de seringues

Au Japon, pays hôte des Jeux olympiques l’été prochain, la campagne vaccinale commencera la semaine prochaine, a annoncé mercredi son premier ministre, mais les autorités travaillent d’arrache-pied pour se procurer des seringues adaptées afin de ne pas gaspiller les doses.

Relativement épargné jusqu’ici par la pandémie, avec quelque 6500 décès officiellement recensés, le pays essaie de se procurer suffisamment de seringues spéciales pour pouvoir extraire les six doses complètes de chaque flacon de vaccin Pfizer.

En Afrique du Sud, la campagne vaccinale sera lancée avec le vaccin du laboratoire Johnson et Johnson, au lieu de celui d’AstraZeneca/Oxford dont l’efficacité est remise en question, a annoncé mercredi le ministre de la Santé, Zweli Mkhize.  

En Amérique du Sud, plusieurs dizaines d’entreprises et d’ONG brésiliennes ont annoncé une initiative commune pour aider les autorités à accélérer la vaccination, avec l’objectif ambitieux d’immuniser l’ensemble de la population « d’ici septembre ».

À ce jour, au moins 91 pays ou territoires ont entamé leur campagne, mais près de deux doses sur trois (64 %) ont été injectées dans des pays à revenu « élevé » (au sens de la Banque mondiale), qui n’hébergent pourtant que 16 % de la population mondiale.