(Mexico) Les leaders de la planète ont accueilli dans leurs rangs le nouveau président américain Joe Biden en faisant remarquer que certains de leurs problèmes les plus urgents, comme la pandémie de COVID-19 et les changements climatiques, nécessitent une coopération multilatérale, une approche que ridiculisait l’administration précédente.

Plusieurs ont dit espérer que M. Biden remettra la démocratie américaine sur le droit chemin, deux semaines après que l’émeute au Capitole eut ébranlé ceux qui luttent pour la démocratie dans leurs propres pays.

Les régimes qui ont fait l’objet de sanctions sous Donald Trump se réjouissent de pouvoir prendre un nouveau départ avec M. Biden, tandis que ceux qui ont encensé le nationalisme mêlé de populisme de l’ancien président se font plus discrets.

Mais l’occasion de finalement réparer des alliances mises à mal et de s’attaquer aux problèmes de la planète dominait les discours.

La Chine, dont les relations avec les États-Unis ont piqué du nez dans un contexte d’accusations de vols de technologies et de non-respect des droits de la personne, s’est réjouie du changement de garde à la Maison-Blanche.

« Je pense qu’après cette période difficile et extraordinaire, que les peuples chinois et américains ont droit à un avenir meilleur », a dit un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hua Chunying.

M. Biden « comprend l’importance de la coopération entre les nations », a dit l’ancien président colombien et lauréat du prix Nobel de la paix Juan Manuel Santos, qui a quitté le pouvoir en 2018. « En fait, si tous les pays ne collaborent pas pour combattre les changements climatiques, nous allons tous périr. C’est aussi simple que ça. »

Le président français Emmanuel Macron et le leader spirituel des Tibétains, le dalaï-lama, comptent parmi ceux qui ont applaudi l’attention renouvelée des États-Unis aux questions climatiques. M. Biden a renversé dès les premières heures de sa présidence, mercredi, la décision de M. Trump de retirer les États-Unis de l’Accord de Paris.

« Je salue le retour des États-Unis au sein de l’Accord de Paris pour le climat : Welcome back !, a lancé M. Macron sur Twitter. C’est tous ensemble que nous pourrons réussir à relever les défis de notre temps. C’est tous ensemble que nous pourrons changer la donne climatique en agissant pour notre planète. »

D’autres alliés européens y voient la chance de tourner la page après avoir entretenu des relations tendues avec l’administration Trump.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a ainsi rappelé que les relations transatlantiques « ont beaucoup souffert depuis quatre ans », alors que le monde devenait plus instable et plus imprévisible.

« Nous avons nos désaccords et ils ne disparaîtront pas comme par magie. Les États-Unis semblent avoir changé, et la perception qu’en ont l’Europe et le reste du monde a aussi changé », a ajouté M. Michel, qui ne s’est jamais gêné pour dénoncer M. Trump pendant que les autres leaders européens gardaient essentiellement le silence depuis quatre ans.

Dans la ville irlandaise de Ballina, où l’arrière-arrière-grand-père de M. Biden est né en 1832, une murale d’un Joe Biden souriant a été peinte sur un mur de cette municipalité qu’habitent toujours des parents du président.

« Au moment de prêter serment, je sais que le président Biden ressentira le poids de l’Histoire — la présence de ses ancêtres irlandais qui sont partis de Mayo et de Louth au moment de la famine, à la recherche de la vie et de l’espoir », a dit le premier ministre irlandais Minister Micheál Martin.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, qui avait tissé des liens étroits avec M. Trump, a rappelé qu’il jouit d’une amitié personnelle avec M. Biden. Il a déclaré avoir hâte de collaborer avec lui pour renforcer l’alliance entre les deux pays.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a dit espérer que l’approche de la nouvelle administration sera plus juste et équitable que celle de la précédente.

Les leaders des deux pays les plus peuplés d’Amérique latine, le Brésil et le Mexique, s’entendaient plutôt bien avec M. Trump. En revanche, son administration avait imposé des sanctions douloureuses à Cuba, au Venezuela et au Nicaragua.

Le gouvernement du président vénézuélien Nicolás Maduro a appelé au dialogue avec l’administration Biden, tout en souhaitant l’abolition des sanctions dont le pays fait l’objet.

Les États-Unis reconnaissent toutefois Juan Guaidó comme étant le leader légitime du pays et c’est l’émissaire de M. Guaidó à Washington, Carlos Vecchio, qui a été invité à l’assermentation de M. Biden.

Les espoirs des leaders cubains d’une amélioration des relations sont peut-être un peu plus réalistes : M. Biden se trouvait, après tout, à la Maison-Blanche lors d’un rapprochement sans précédent entre les deux pays en 2014, et plusieurs dirigeants cubains se sont dits ouverts au dialogue si Washington respecte la souveraineté cubaine.

Le président Miguel Díaz-Canel a attaqué M. Trump sur Twitter en citant « plus de 200 mesures qui ont resserré le blocus financier, commercial et économique, l’expression d’une politique méprisable et inhumaine ».

Au Mexique, le président Andrés Manuel López Obrador, qui entretenait des liens étonnamment amicaux avec M. Trump et qui a été l’un des derniers leaders de la planète à féliciter M. Biden pour sa victoire, a lu une lettre qu’il avait écrite à M. Biden en 2012 et dans laquelle il proposait que la relation entre les deux pays s’éloigne de la sécurité et de l’aide militaire pour se réorienter vers le développement.

Il a incité M. Biden à mettre en place une réforme de l’immigration, ajoutant : « Nous devons maintenir une excellente relation avec le gouvernement des États-Unis et je ne doute pas que ça se produira ».

Les alliés des États-Unis dans la région Asie-Pacifique ont exprimé un désir de renforcer ces alliances sous l’administration Biden. Le premier ministre japonais Yoshihide Suga, le président taïwanais President Tsai Ing-wen et d’autres ont mis en relief les valeurs qu’ils partagent en tant que chefs de démocraties.

Le président sud-coréen Moon Jae-in a dit : « Le nouveau départ des États-Unis rendra la démocratie encore plus magnifique ».

Un ancien diplomate australien, Rory Medcalf, a dit croire que M. Biden trouvera des partenaires diplomatiques dans la région pour répondre aux ambitions chinoises.

La première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a déclaré que « le message d’unité du président Biden au moment de prendre le pouvoir plaît aux Néo-Zélandais ».

Les leaders de la planète ont aussi été nombreux à saluer l’accession historique de Kamala Harris à la vice-présidence. Elle est devenue la première femme, la première Noire et la première Sud-Asiatique à atteindre ce poste aux États-Unis.

Le premier ministre indien Narendra Modi a félicité sur Twitter aussi bien M. Biden que Mme Harris, dont le grand-père maternel était indien.

« C’est un moment historique et un moment qui, selon moi, en tant que père de filles, on ne peut que célébrer », a dit le premier ministre australien Scott Morrison.