(Genève) L’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle désormais à une vaccination dans tous les pays « dans les cent prochains jours » pour faire face à la pandémie qui a fait plus de deux millions de morts dans le monde.

Au total, 2 000 066 décès ont été recensés, pour 93 321 070 cas déclarés, selon un comptage réalisé par l’AFP à partir de bilans officiels fournis par les autorités vendredi à 13 h 25.

L’Europe, avec 650 560 morts, est la région la plus touchée, devant l’Amérique latine/Caraïbes (542 410) et les États-Unis/Canada (407 090).

« Je veux voir la vaccination commencer dans tous les pays dans les 100 prochains jours », a dit le directeur général de l’agence Tedros Adhanom Ghebreyesus, les campagnes n’ayant débuté pour l’instant que quasi exclusivement dans les pays riches.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a pour sa part déploré le « cap douloureux » des deux millions de morts, regrettant l’« échec de la solidarité » dans la vaccination en cours dans le monde.

« Vide vaccinal »

« Nous observons aujourd’hui un vide vaccinal », a-t-il ajouté. « Si les pays à revenu élevé ont accès aux vaccins, ce n’est pas le cas des pays les plus pauvres. C’est un succès pour la science, mais un échec pour la solidarité ».  

Aux États-Unis, Joe Biden a dévoilé le programme qu’il entend mettre en œuvre à la Maison-Blanche, pour accélérer l’immunisation des Américains, avec la création de centres de vaccination de proximité, une coopération renforcée entre le pouvoir fédéral et les États et plus de campagnes de prévention.

« Je vous le promets, nous allons gérer cette opération comme jamais », a assuré le président désigné, de son fief de Wilmington, dans le Delaware, à cinq jours de sa prestation de serment.  

Joe Biden, 78 ans, cherche à éradiquer la racine de la crise économique et sanitaire qui mine les États-Unis : en moyenne, depuis le 1er janvier, plus de 3000 personnes sont mortes de la COVID-19 chaque jour aux États-Unis.  

Le comité d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a de son côté appelé vendredi à étendre le séquençage du génome des variants du nouveau coronavirus, plus contagieux et qui font craindre une résurgence de la pandémie.

Il s’est toutefois dit opposé « pour le moment » à l’instauration de certificats de vaccination contre la COVID-19 en tant que condition pour permettre l’entrée d’un pays à des voyageurs internationaux.

L’Allemagne a répertorié 22 368 nouveaux cas de contamination sur les dernières 24 heures, pour un total de 2 000 958, a annoncé l’institut Robert Koch (RKI), et la chancelière Angela Merkel plaide pour des restrictions nettement renforcées.

Espoir face à la pandémie, au moins 35,61 millions de doses de vaccins contre la COVID-19 ont déjà été administrées dans le monde, dans au moins 58 pays et territoires, selon un comptage de l’AFP à partir de sources officielles vendredi.

Mais le laboratoire américain Pfizer a annoncé vendredi que ses livraisons de vaccins allaient ralentir fin janvier début février, le temps d’apporter des modifications dans le processus de production.

Ces retards ont été annoncés aux pays de l’Union européenne, suscitant de vives inquiétudes. Les ministres de la Santé de six pays de l’UE (Danemark, Estonie, Finlande, Lituanie, Lettonie et Suède) ont exprimé dans une lettre commune leur « grave préoccupation ».

La France devra « ajuster le rythme des vaccinations » contre le coronavirus en raison de la « forte baisse » attendue des livraisons du vaccin Pfizer/BioNTech dans les semaines à venir, a de son côté déclaré une source au sein de l’exécutif.

Selon la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, Pfizer a cependant assuré à l’UE que les doses promises au premier trimestre seraient livrées comme prévu.

Nouveau confinement au Portugal

L’Inde, la deuxième nation la plus peuplée de la planète avec 1,3 milliard d’habitants, commence samedi la vaccination de 300 millions de personnes contre la COVID-19, un défi phénoménal compliqué par des contraintes de sûreté, des infrastructures incertaines et la méfiance du public.  

La pandémie de coronavirus a fortement accéléré dans la plupart des régions du monde ces sept derniers jours, avec 724 700 nouveaux cas enregistrés par jour (+10 % par rapport à la semaine précédente), un record, d’après un bilan de l’AFP arrêté à jeudi.

Selon l’OMS, le nombre des pays et territoires où se trouve le variant repéré initialement en Grande-Bretagne s’élève à 50 et il est de 20 pour le variant identifié en Afrique du Sud, mais l’organisation juge cette évaluation fort probablement sous-estimée.

Une autre mutation, originaire de l’Amazonie brésilienne et dont le Japon a annoncé dimanche la découverte, pourrait impacter la réponse immunitaire, juge l’OMS, qui évoque « un variant inquiétant ».

L’Organisation a prévenu que l’État d’Amazonas au Brésil pourrait rapidement être confronté à une nouvelle vague encore plus grave que la situation « catastrophique » du mois d’avril 2020.  

Le Royaume-Uni a pour sa part décidé de fermer ses frontières dès vendredi aux arrivées de tous les pays d’Amérique du Sud ainsi que du Portugal, en raison de cette nouvelle mutation.

Le Portugal entame de son côté vendredi un nouveau confinement généralisé, qui restera en vigueur pendant au moins un mois.

Les rues du centre de Lisbonne étaient moins fréquentées vendredi, mais nombre de ses habitants étaient sortis pour emmener leurs enfants à l’école.

« Il y a moins de gens dans la rue, mais regardez, les bus sont pleins ! », a témoigné Maria Andrade, une femme de 71 ans qui a décidé d’ouvrir son petit restaurant pour faire de la vente à emporter.

La France va, quant à elle, étendre samedi à tout son territoire un couvre-feu dès 18 h (17 h GMT) et exigera des voyageurs venant d’un pays extérieur à l’Union européenne un test négatif.

Ce pays a enregistré en 2020, année marquée par l’épidémie, quelque 53 900 morts de plus qu’en 2019 (+ 9 %) toutes causes confondues.

L’Italie, qui a dépassé le million de personnes vaccinées contre le nouveau coronavirus, va reconfiner à partir de lundi trois régions jugées à haut risque de contagion pour lutter contre la pandémie, la Lombardie (nord), la Sicile (sud) et le Haut-Adige (nord).