(Paris) Tenir en attendant le vaccin : en Europe comme aux États-Unis, la pandémie flambe et met sous pression des systèmes de santé éprouvés depuis le début de l’année.

L’annonce lundi par les laboratoires américain Pfizer et allemand BioNTech d’un vaccin « efficace à 90 % » contre la COVID-19, selon les résultats préliminaires d’un essai en cours, a soulevé une vague d’espoir, au moment où les statistiques s’affolent, avec des nombres de cas et de décès en hausse sur l’ancien et le nouveau continent.

Cela a conduit la directrice du Centre européen de contrôle des maladies (ECDC), Andrea Ammon, à évoquer mercredi un « scénario optimiste » dans lequel les premières vaccinations pourraient intervenir en Europe au premier trimestre de 2021.  

Mais en attendant, elle a souligné que la situation sur le Vieux Continent est « très, très inquiétante » et que « tous nos indicateurs vont dans le mauvais sens ».  

Le directeur général de la fédération internationale des groupes pharmaceutiques, Thomas Cueni, a précisé à l’AFP que les données sur l’efficacité et la sûreté de quatre autres vaccins développés par Moderna, AstraZeneca, Novavax et Johnson & Johnson, devraient être publiées bientôt.

« Ils devraient tous sortir soit vers la fin de l’année ou en janvier février de l’année prochaine », a-t-il assuré, qualifiant la publication des données préliminaires par Pfizer et BioNTech de « meilleure nouvelle scientifique de l’année ».

De plus, les groupes canadien Medicago et britannique GSK ont annoncé jeudi qu’ils allaient lancer des essais cliniques de phase 2 et 3 sur le candidat-vaccin produit par la société biopharmaceutique québécoise.

Le candidat-vaccin, qui contiendra l’adjuvant à usage pandémique de GSK, sera testé sur 30 000 volontaires dans le monde lors des essais cliniques de phase 3, attendus avant la fin de l’année.  

« Longue et tragique période »

Aux États-Unis, où les vaccinations pourraient débuter pour les personnes vulnérables avant la fin de l’année, la hausse rapide du nombre de cas dans de nombreux États (en moyenne plus de 100 000 nouvelles contaminations par jour) place les hôpitaux de plusieurs régions sous tension.

Plus de 65 000 personnes malades de la COVID-19 sont actuellement hospitalisées sur le sol américain, selon le Covid Tracking Project, un chiffre jamais atteint.  

« La rapidité de l’augmentation des hospitalisations pour la Covid […] laisse présager d’une longue et tragique période de décès en hausse », a estimé l’ancien chef de l’Agence des médicaments Scott Gottlieb.

« Les cas augmentent en premier, suivis environ deux semaines plus tard par des hospitalisations, puis environ deux semaines après par des décès », a rappelé l’urgentiste new-yorkais et enseignant à l’Université de Columbia Craig Spencer. « Toutes les données vont dans la mauvaise direction, et vite ».

La première vague n’est jamais retombée aux États-Unis, mais la courbe des contaminations a connu au total trois hausses notables : une première au printemps, avec pour épicentre l’État de New York, un rebond durant l’été, notamment dans le Sud du pays, et un nouveau pic depuis la mi-octobre, à des niveaux jamais encore atteints.  

Face à cette flambée, dans un pays dépourvu de stratégie nationale édictée à Washington, les États prennent en ordre dispersé des mesures de restriction, qui sont parfois contestées au niveau local pour des raisons politiques ou économiques.  

Ainsi dans l’État de New York et dans le Minnesota, les établissements ayant une licence de vente d’alcool (y compris les restaurants) devront fermer à 22 h. Dans l’Utah, le port du masque en public a été rendu obligatoire.

Le gouverneur du Dakota du Nord a autorisé les personnels de santé testés positifs à continuer de travailler dans les unités dédiées au virus, afin de faire face à la « pression énorme » pesant sur le système de soin.

En Europe, où les restrictions se multiplient, un signe d’espoir est venu jeudi d’Allemagne, où l’institut de veille sanitaire Robert Koch a évoqué des « premiers signes » d’amélioration de la courbe des infections.  

« La courbe s’aplatit », a déclaré le directeur de l’Institut, Lothar Wieler, précisant toutefois que les mesures de restriction, comme les distances sociales ou le port du masque, allaient « longtemps nous accompagner ».

« Nous devons éviter que la situation ne se détériore […] Notre objectif est de ramener les infections à un niveau auquel notre système sanitaire peut faire face », a-t-il ajouté.

Les bilans grimpent

La Hongrie a imposé depuis mercredi un confinement partiel censé durer au moins 30 jours : les rassemblements sont interdits, les restaurants fermés, les évènements culturels et de loisirs annulés et le couvre-feu étendu.

En France, un centre de tests antigéniques de dépistage de COVID-19 a été ouvert à l’aéroport parisien Roissy-Charles-de-Gaulle pour les passagers en provenance des pays classés « rouge », auxquels la France demande de fournir un test pour entrer sur le territoire.

La Grèce, déjà confinée depuis samedi, a décrété un couvre-feu à partir de vendredi, après une hausse importante des contaminations quotidiennes entraînant « une pression » sur le système de santé.

Et les bilans grimpent inexorablement : le Royaume-Uni, pays le plus durement touché en Europe, a dépassé mercredi le cap des 50 000 morts, l’Espagne celui des 40 000 morts, et l’Italie a dépassé le million de cas de COVID-19.

La pandémie a fait au moins 1 285 160 morts dans le monde depuis que le bureau de l’OMS en Chine a fait état de l’apparition de la maladie fin décembre, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles jeudi à 11 h GMT (6 h heure de Montréal).

Plus de 52 151 580 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués depuis le début de l’épidémie, dont au moins 33 563 800 sont aujourd’hui considérés comme guéris.

Les États-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec 241 808 décès pour 10 402 274 cas recensés, selon le comptage de l’université Johns Hopkins.