(Washington) Donald Trump a revendiqué vendredi, à 11 jours de la présidentielle américaine, une « énorme victoire pour la paix dans le monde » en annonçant qu’Israël et le Soudan avaient accepté de normaliser leurs relations diplomatiques.

C’est dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, entouré notamment de son ministre des Affaires étrangères Mike Pompeo et de son gendre et conseiller Jared Kushner, que le président américain a déclaré que les deux pays ennemis avaient fait « la paix ».

Il a également affirmé qu’« au moins cinq » autres pays arabes voulaient normaliser leurs relations avec l’État hébreu, et dit s’attendre à ce que l’Arabie saoudite figure parmi eux.

M. Trump était au téléphone, sur haut-parleur, avec le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et son homologue soudanais Abdallah Hamdok.  

Ce dernier a remercié le président américain d’avoir décidé de retirer son pays de la liste des États soutenant le terrorisme, sur laquelle il figurait depuis 1993, affirmant que cette décision aurait un impact économique majeur.

« Nous agrandissons le cercle de la paix si rapidement grâce à votre leadership », a dit de son côté Benyamin Nétanyahou, applaudissant aussi un « formidable revirement » de la part du Soudan.

L’Égypte, seul État arabe avec la Jordanie à reconnaître Israël jusqu’au mois dernier, a salué cette annonce.

Donald Trump, à la traîne dans les sondages pour la présidentielle du 3 novembre, s’est réjoui sur Twitter d’une « ÉNORME victoire aujourd’hui pour les États-Unis et pour la paix dans le monde ».

« Le Soudan a accepté un accord de paix et de normalisation avec Israël ! Avec les Émirats arabes unis et le Bahreïn, cela fait TROIS pays arabes en seulement quelques semaines. D’autres vont suivre ! », a-t-il écrit.

Émirats arabes unis et Bahreïn avaient signé ces accords avec Israël lors d’une cérémonie en grande pompe, organisée à la Maison-Blanche.

L’un des sujets sensibles dans ces accords de normalisation était la question de la vente d’avions de combat américains F-35 aux Émirats arabes unis, qui menaçait selon des responsables israéliens l’avantage technologique de l’État hébreu au Moyen-Orient.

Benyamin Nétanyahou a annoncé vendredi qu’Israël ne s’opposerait pas à la vente de matériel militaire américain aux Émirats, consolidant encore cette entente.  

Liste noire

Washington a multiplié les pressions pour que le Soudan normalise ses relations avec Israël avant l’élection présidentielle du 3 novembre, en assurant qu’il n’y avait aucun lien avec la levée des sanctions américaines contre le pays, mais de nombreux observateurs estimaient le contraire.

À Gaza, le mouvement islamiste Hamas a dénoncé « un péché politique qui nuit au peuple palestinien et à sa juste cause, nuit aussi à l’intérêt national du Soudan […] et ne bénéficie qu’à Nétanyahou ».  

La présidence palestinienne a aussi « condamné » et « rejeté » l’accord.  

Juste avant l’annonce de l’agrément entre les deux pays, la Maison-Blanche a annoncé que Donald Trump allait retirer le Soudan de la liste des États soutenant le terrorisme.  

Le président « a informé le Congrès de son intention d’annuler formellement la désignation du Soudan comme État parrain du terrorisme », a indiqué l’exécutif américain.

Cette annonce intervient après que le Soudan a « accepté de résoudre certaines demandes des victimes américaines du terrorisme et leurs familles. Hier, en application de cet accord, le gouvernement de transition du Soudan a transféré 335 millions de dollars sur un compte séquestre pour ces victimes et leurs familles », a précisé la Maison-Blanche.

Il s’agit notamment des attentats perpétrés en 1998 par la nébuleuse djihadiste Al-Qaïda contre les ambassades des États-Unis au Kenya et en Tanzanie, qui avaient fait plus de 200 morts.

Le Soudan, jadis paria de la communauté internationale pour avoir accueilli le chef d’Al-Qaïda Oussama ben Laden dans les années 1990, a été condamné à verser de telles indemnisations par la justice américaine.

L’accord ouvre la voie à « un nouvel avenir de collaboration et de soutien à la transition historique en cours » au Soudan, selon la Maison-Blanche.

L’exécutif a enfin appelé le Congrès américain à adopter la loi nécessaire pour mettre en œuvre l’accord.

Les États-Unis ont renoué avec Khartoum déjà sous l’ex-président démocrate Barack Obama, lorsque l’ex-président soudanais Omar el-Béchir a commencé à coopérer dans la lutte antiterroriste et joué le jeu de la paix au Soudan du Sud.

La révolution qui a balayé Omar el-Béchir n’a fait qu’accélérer le mouvement.