(Rio de Janeiro) Le président brésilien Jair Bolsonaro, sceptique autoproclamé sur la pandémie de coronavirus, a annoncé avoir contracté la COVID-19 au moment même où les États-Unis, confrontés à un nouveau record de contaminations, ont officiellement amorcé leur retrait de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Le président Donald Trump, lui aussi connu pour minimiser la gravité de l’épidémie dans son pays, pourtant le plus touché au monde tant en nombre de cas que de décès, a notifié le retrait américain de l’OMS, accusée d’avoir tardé à réagir après l’apparition du virus en Chine en décembre dans le but de ménager Pékin.

Une décison controversée annoncée alors même que, selon l’OMS, « l’épidémie s’accélère et nous n’avons pas atteint le pic de la pandémie ». 400 000 nouveaux cas ont ainsi été enregistrés au cours du week-end dernier.

Deuxième pays le plus touché après les États-Unis, le Brésil recense lui plus de 66 000 morts, mais son président de 65 ans, même malade, reste défiant. « Je vais parfaitement bien », a-t-il assuré à la télévision après avoir annoncé être positif.

Il a précisé suivre un traitement à base d’azithromycine, un antibiotique, et d’hydroxychloroquine, un médicament controversé dont l’OMS a fini par conclure qu’il n’avait aucun effet bénéfique.

Supermarchés dévalisés

En Australie, les rayons des supermarchés de Melbourne, deuxième plus grande ville du pays,  ont été dévalisés mercredi, à quelques heures de l’entrée en vigueur de nouvelles mesures de confinement pour cinq millions d’habitants à compter de minuit mercredi soir pour six semaines.

« Aussi frustrant que cela soit, je soutiens (le confinement) -mais reposez-moi la question dans six semaines », a lancé à l’AFP Michael Albert, un habitant de Melbourne.

Les restaurants et cafés ne pourront plus servir que des plats à emporter, alors que les salles de gyms et cinémas sont à nouveau contraintes de fermer leurs portes.

Dans ce contexte tendu, l’OMS a mis en garde contre la probable capacité du virus à se transmettre par voie aérienne, c’est-à-dire de manière beaucoup plus contagieuse qu’initialement envisagé.

« La possibilité d’une transmission par voie aérienne dans les lieux publics, particulièrement bondés, ne peut pas être exclue », a estimé une responsable de l’OMS, Benedetta Allegranzi, soulignant que les preuves devaient encore être « rassemblées et interprétées ».

« Jusqu’aux genoux »

Les États-Unis continuent de battre des records de contaminations avec 60 000 nouveaux cas pour la seule journée de mardi. Plus de 1100 personnes y sont décédées au cours des dernières 24 heures.

Le directeur de l’Institut américain des maladies infectieuses, Anthony Fauci, a jugé que son pays était encore « enfoncé jusqu’aux genoux » dans la pandémie.

Donald Trump n’est pas d’accord avec cette analyse : il estime avoir fait « du bon travail » et prédit que « d’ici deux, trois, quatre semaines » le pays sera « dans une excellente position ».

En Amérique latine et aux Caraïbes, plus de trois millions de cas de COVID-19 ont été recensés depuis le début de l’épidémie, dont plus de la moitié au Brésil, selon un bilan établi mardi soir par l’AFP.

Face à cette crise, la dernière guérilla active en Colombie, l’Armée nationale de libération (ELN), a proposé un cessez-le-feu bilatéral de trois mois au gouvernement, en réponse à l’appel de l’ONU à stopper les hostilités dans les pays en conflit pour faciliter la lutte contre le nouveau coronavirus.  

En Afrique, près de 50 millions d’Africains pourraient basculer dans l’extrême pauvreté en raison de l’impact économique de l’épidémie, selon la Banque africaine de développement (BAD).

Parcours fléchés

En Europe, la situation semble sous contrôle, même si le Vieux Continent reste le plus durement touché par le virus avec plus de 200 000 morts, dont plus des deux-tiers au Royaume-Uni, en Italie, en France et en Espagne.

En Serbie, une soixantaine de personnes ont été blessées et une vingtaine d’autres arrêtées lors de violentes manifestations mardi soir à Belgrade contre la réintroduction d’un couvre-feu pour lutter contre un rebond de la pandémie du coronavirus.  

Des milliers de manifestants furieux s’étaient rassemblés devant le Parlement après l’annonce mardi soir par le président Aleksandar Vucic que les habitants allaient à nouveau devoir rester chez eux pendant le week-end. Calme au départ, la manifestation, qui a réuni des protestataires de tous bords, a dégénéré.

Après le Louvre lundi, la National Gallery rouvre ses portes mercredi, premier grand musée londonien à sortir de plus de trois mois de confinement, avec masques et parcours fléchés pour des visiteurs priés de réserver à l’avance.  

Le directeur du musée Gabriele Finaldi a affirmé qu’il espérait un quart du nombre habituel de visiteurs, soit environ 3000 à 4000 par jour.

Sur le front économique, le gouvernement britannique s’apprête à dévoiler mercredi un vaste plan de relance post-coronavirus comportant un investissement de 3 milliards de livres dédié à des emplois « verts » pour « redynamiser l’emploi et protéger l’environnement ». Ce sera « le plus gros plan pour lutter contre le chômage des jeunes depuis des décennies », selon le Trésor britannique.

De nombreuses voix se sont toutefois déjà élevées pour critiquer des mesures qui s’annoncent trop peu ambitieuses au regard de la récession historique qui s’annonce.

En France, le recul du produit intérieur brut (PIB) en France devrait être limité à 9 % en 2020, a annoncé mercredi l’Institut national des statistiques mercredi, alors que le gouvernement table sur un effondrement de 11 % et la Banque de France de 10 %.