(Belgrade) La pandémie de COVID-19 continue de se propager sur le continent américain et connaît des résurgences de foyers localisés en Europe, illustrés par le reconfinement mardi de deux cantons allemands et par la contamination du numéro 1 mondial du tennis Novak Djokovic.

Testé positif au nouveau coronavirus, Novak Djokovic – qui « ne ressent aucun symptôme » – est venu s’ajouter à la liste des joueurs contaminés en marge d’un tournoi caritatif que le champion serbe a organisé en juin, au mépris des précautions sanitaires. Il s’est dit « profondément désolé », reconnaissant avoir « eu tort » de programmer une telle manifestation. « C’était trop tôt ».

Submergée au printemps par la maladie, l’Europe achève de lever les restrictions, face au recul de l’épidémie qui a fait au moins 473 000 morts dans le monde. Au Royaume-Uni, pays le plus touché sur le continent, pubs, hôtels et restaurants, mais aussi coiffeurs, musées ou parcs d’attractions, cinémas, bibliothèques et installations sportives en extérieur rouvriront le 4 juillet, dans la seule Angleterre.

Mais en Allemagne, plus de 600 000 habitants de deux cantons ont été reconfinés mardi après l’apparition d’un foyer de contaminations dans un abattoir, au lendemain d’un rétablissement partiel des restrictions dans la région de Lisbonne, qui suscite des inquiétudes pour la saison touristique au Portugal.

En Italie, des autorités médicales s’inquiètent d’une possible seconde vague, en raison du relâchement général de la population. Et en Catalogne, le gouvernement régional est revenu sur sa décision d’autoriser la réouverture des pistes de danse dans les discothèques, n’autorisant à danser que les personnes se connaissant déjà et seulement dans des restaurants ou des hôtels.  

Cette « deuxième vague » de contaminations, la Corée du Sud a admis mardi y faire face depuis mi-mai, avec de 35 à 50 nouveaux cas quotidiens, essentiellement à Séoul et ses environs.

Potentiel vecteur de contaminations à grande échelle, le hajj, grand pèlerinage musulman annuel à La Mecque et l’un des cinq piliers de l’islam, aura bien lieu en juillet, mais sera réduit à sa plus simple expression.

Seul un millier de pèlerins seront autorisés à y participer et aucun venant de l’étranger, alors que ce qui est traditionnellement l’un des plus importants rassemblements religieux sur la planète a attiré en 2019 2,5 millions de fidèles venus du monde entier.

« Mon espoir d’aller (à la Mecque) était si grand », a réagi, attristée, Kamariah Yahya, une Indonésienne de 68 ans, « mais que faire ? C’est la volonté d’Allah, c’est le destin. »

« Effets sur des décennies »

La pandémie « continue de s’accélérer », a averti le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Bien plus qu’une crise sanitaire, c’est une crise économique, sociale et, dans de nombreux pays, politique. Ses effets se feront sentir sur des décennies ».

La chute actuelle du commerce dans le monde « est d’une ampleur inégalée – ce serait en fait la plus forte jamais enregistrée », a estimé mardi le directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), Roberto Azevedo, tout en soulignant qu’elle « aurait pu être bien pire ».

Les constructeurs automobiles européens prévoient une dégringolade historique de 25 % des ventes en 2020 dans l’UE.

Dans la zone euro, le repli de l’activité du secteur privé a continué en juin, mais à un rythme moins marqué que durant le confinement, selon le cabinet Markit, qui note une « expansion » pour la première fois en quatre mois en France et un fort rebond au Royaume-Uni.

Le président russe Vladimir Poutine a lui parlé mardi à la nation de « la chute de l’économie mondiale dont toutes les conséquences et la profondeur restent à établir », et annoncé la hausse de l’impôt pour les hauts revenus et de nouvelles aides et subventions.

Dans un rapport mardi, l’UNESCO souligne aussi les potentiels ravages chez les laissés-pour-compte de l’éducation.

« Les expériences du passé […] ont montré que les crises sanitaires pouvaient laisser un grand nombre de personnes sur le bord du chemin, en particulier les filles les plus pauvres, dont beaucoup risquent de ne jamais retourner à l’école », y explique sa directrice, Audrey Azoulay.

« On enterre la nuit »

Sur le continent américain, la contagion ne faiblit pas.

Aux États-Unis, pays le plus endeuillé par la COVID-19, le bilan a dépassé lundi les 120 000 morts et l’immunologiste en chef de la Maison-Blanche, le Dr Anthony Fauci, s’est dit « vraiment » inquiet devant les poussées « préoccupantes » du nombre de cas dans plusieurs États américains.

Il a par ailleurs assuré, avec d’autres experts santé de l’administration américaine, que Donald Trump ne leur avait jamais demandé de ralentir le rythme de dépistage de la COVID-19. « D’ailleurs, nous allons augmenter le dépistage », a-t-il souligné.  

Or, M. Trump avait déclaré samedi avoir recommandé d’en ralentir le rythme, car en faisant plus de tests, « on trouve plus de cas ». La Maison-Blanche a assuré qu’il plaisantait, mais le président américain a réaffirmé mardi matin : « Je ne plaisante pas. »

En Amérique latine, actuel épicentre de l’épidémie, le Brésil reste le deuxième pays le plus touché au monde (51 271 morts, et un juge a contraint le président Jair Bolsonaro à porter un masque de protection « dans tous les lieux publics », ce qu’il faisait de façon très aléatoire.  

Le Honduras, petit pays de 9 millions d’habitants, est submergé par les morts, officiellement au nombre de 300, mais probablement cinq fois plus nombreux, estime Jesus Moran, secrétaire de l’Association des pompes funèbres.

Dans le nord du pays, on « enterre la nuit entre dix et douze cadavres » et dans les quartiers les plus misérables, les gens meurent chez eux sans être testés, affirme-t-il.

La COVID-19 a tué officiellement au moins 473 475 personnes dans le monde et en a contaminé plus de 9 millions, depuis que la Chine a fait état de l’apparition en décembre de la maladie.