(Pékin) En recul en Europe, le nouveau coronavirus ressurgit en Chine où la situation épidémique à Pékin était jugée mardi « extrêmement grave » par les autorités, faisant craindre la possibilité d’une nouvelle vague de contaminations.

Plus d’une centaine de personnes ont été contaminées depuis la semaine dernière dans la mégapole de 21 millions d’habitants, engagée dans « une course contre la montre » contre le virus, a déclaré le porte-parole de la mairie, Xu Hejian.

Ce rebond du nombre d’infections, centré autour du marché géant de Xinfadi, dans le sud de la capitale, a poussé les autorités à décréter, outre le confinement d’une trentaine de zones résidentielles, la fermeture des sites sportifs et culturels.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué lundi suivre « de très près » la situation et évoqué l’envoi possible d’experts supplémentaires dans les prochains jours.

La COVID-19 avait fait son apparition fin 2019 en Chine, à Wuhan dans le centre du pays, avant de gagner toute la planète.

Au moins 8 048 880 cas d’infection, parmi lesquels 436 813 décès, ont été comptabilisés au total, notamment en Europe, continent le plus touché avec 2 428 525 cas (188 349 morts) et aux États-Unis, qui comptent le plus grand nombre de cas diagnostiqués (2 114 026) et de décès (116 127), selon un comptage réalisé par l’AFP.

État d’exception prolongé au Chili

Sur le Vieux Continent, la progression de la maladie est désormais sous contrôle, estiment les gouvernements, qui ont rouvert lundi les frontières avec leurs voisins.

L’Allemagne, la Belgique, la France et la Grèce ont ainsi rétabli la libre circulation avec tous les pays de l’Union européenne.  

Athènes, dont l’économie repose en grande partie sur le tourisme, invite même les voyageurs de plusieurs régions hors UE, comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, la Corée du Sud, la Chine, à venir visiter ses îles.

L’Espagne attend le 21 juin pour ouvrir ses frontières avec les pays de l’UE, sauf le Portugal.  Mais elle accueille depuis lundi ses premiers voyageurs allemands depuis des mois sur l’île des Baléares, dans le cadre d’un projet pilote.  

Premier pays européen touché, l’Italie, qui déplore plus de 34 000 morts, avait rouvert ses frontières dès le 3 juin. Mais deux nouveaux foyers ont été détectés ces derniers jours à Rome.

Le parlement hongrois a lui approuvé lundi la fin de l’état d’urgence dans le pays.

De l’autre côté de l’Atlantique, le bilan quotidien aux États-Unis est resté lundi sous la barre des 400 morts pour le deuxième jour consécutif, mais le pays continue d’enregistrer quelque 20 000 nouveaux cas chaque jour.

Face à la pandémie, la cérémonie des Oscars a été repoussée de deux mois, au 25 avril 2021.

La frontière américano-canadienne, fermée aux déplacements non essentiels depuis le 21 mars, devait en principe rouvrir le 21 juin, mais les deux pays négocient une « prolongation possible », a annoncé le premier ministre canadien Justin Trudeau.

La pandémie continue aussi de faire rage en Amérique latine et aux Caraïbes, qui ont dépassé les 80 000 décès. La moitié sont recensés au Brésil qui, avec 43 959 morts est le deuxième pays le plus endeuillé.

Au Chili, l’« état d’exception constitutionnel pour catastrophe » a été prolongé de trois mois pour freiner l’épidémie tandis que l’Équateur a prolongé de 60 jours, jusqu’au 13 août, l’état d’urgence.

La mousson, facteur aggravant

Autre pays où l’épidémie ne montre pas de signe de reflux, l’Inde redoute une aggravation de la crise sanitaire avec la mousson annuelle et son cortège de maladies.

« La COVID-19 nous a laissés démunis », dit Vidya Thakur, forte de plus de trois décennies d’expérience de médecin dans un système de santé public indien sous-financé, « la mousson va rendre les choses encore plus compliquées ».

Plus d’un demi-million de personnes sont contaminées chaque année en Inde par des maladies favorisées par les pluies, comme la dengue et la paludisme, lors de la grande mousson qui s’abat sur le pays d’Asie du Sud de juin à septembre.  Des infections qui présentent des symptômes presque identiques à ceux de la COVID-19 : fièvre, difficultés à respirer, perte d’appétit.

En Indonésie, malgré les risques de contamination, les habitants du village de Trunyan, à Bali, veulent perpétuer leurs traditions funéraires qui consistent à placer le corps des morts sous un grand banian et le laisser se décomposer lentement à l’air libre, jusqu’à ce que seul le squelette soit visible.

« Les rites funéraires restent les mêmes, mais nous devons maintenant porter des masques », explique Wayan Arjuna, le chef du village surplombé par l’imposant volcan Batur. « Nous avons peur d’attraper le virus », mais les traditions ne changeront pas. Le site a cependant été temporairement fermé aux touristes par peur des contaminations.

À quelques semaines du grand pèlerinage annuel à la Mecque prévu fin juillet, l’Arabie saoudite se trouve elle face à un choix délicat : limiter le nombre de pèlerins ou annuler le hajj.

« La décision sera bientôt prise et annoncée », assure un responsable saoudien, alors que Riyad est appelé à annoncer sa décision.

En raison de la promiscuité entre pèlerins, le hajj, l’un des plus grands rassemblements du monde, pourrait devenir un énorme vecteur de contagion de la COVID-19.